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duisit vers le même temps de nombreux ouvrages, heureusement conservés[1].

La médecine, en Grèce, est fort ancienne ; car déjà, dans les poèmes homériques, on voit l’armée grecque accompagnée de ses médecins, Podalire et Machaon[2]. Ces deux personnages sont fils d’Asclépios, fils lui-même d’Apollon. Asclépios est le dieu guérisseur par excellence ; ses sanctuaires ont été les berceaux de la médecine grecque. Les malades y venaient en foule chercher la guérison : ils couchaient dans les parvis du temple, et le dieu, en songe, leur indiquait le traitement à suivre[3]. — Les inscriptions votives des malades reconnaissants (et peut-être encore d’autres pièces d’archives) gardaient le souvenir des indications thérapeutiques ainsi obtenues de la divinité[4], et peu à peu une tradition médicale se constituait, religieuse dans son principe, empirique en réalité. Les principaux temples d’Asclépios, au ve siècle, étaient ceux de Cnide, de Cos, de Rhodes, de Cyrène.

Autour de chacun d’eux s'était formée une grande école médicale, une corporation de médecins qui invoquaient le patronage d’Asclépios, et qu’on appelait Asclépiades. Ce nom patronymique a fait croire souvent que les Asclépiades formaient une race ; ils ne formaient en réalité que des confréries ou corpora-

  1. Sur les débuts de la médecine grecque et sur Hippocrate, on lira de belles pages dans l’ouvrage précédemment cité de Gomperz, Griechische Denker, p. 238-254.
  2. Sur cette histoire de la médecine avant Hippocrate, cf. Littré, édition d’Hippocrate, t. I, p. 3-26, et Daremberg, de l’État de la médecine entre Homère et Hippocrate, Rev. archéol., 1869, t. XIX, p. 260 et suiv.
  3. Voir, dans le Plutus d’Aristophane, la scène d’incubation, v. 653 et suiv. Cf. P. Griard, l’Asclépéion d’Athènes, Paris, 1881, p. 65 et suiv.
  4. Voir, par exemple, les inscriptions médicales d’Épidaure, dans l’ouvrage de M. Kavvadias (Fouilles d’Épidaure, t. I, 1893, Athènes).