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Ses œuvres étaient fort nombreuses et fort diverses. Diogène Laërce donne une liste de soixante ouvrages qui se rapportent à la philosophie naturelle, aux mathématiques, à la musique, à la morale, à d’autres sujets encore. Citons seulement le Μέγας διάκοσμος et le Μικρὸς διάκοσμος, où son système de la nature était résumé, et le traité Περὶ εὐθυμίης, qui semble avoir été l’un de ses principaux ouvrages de morale. De tous ces livres, il ne nous reste que des fragments très courts. De plus, un certain nombre de pensées morales attribuées à Démocrite ne sont certainement pas de lui[1]. Et pourtant la force de sa pensée aussi bien que la fraîcheur de son talent nous apparaissent encore avec une clarté suffisante.

Son système nous est surtout connu par des analyses d’Aristote, précises et sûres[2]. Démocrite a recueilli la doctrine de Leucippe : il voit le principe des êtres dans les atomes. L’écoulement universel, toute réalité substantielle s’évanouit ; dans l’immobilité de l’Un, la variété sensible des êtres devient inexplicable. Démocrite, après Leucippe, défend contre les Éléates la réalité du mouvement, et contre Héraclite, la solidité du fond dernier des choses. Les atomes, infinis en nombre, éternels, absolument simples et semblables entre eux par la qualité, mais différents de volume et de forme, se meuvent dans le vide et se groupent diversement,


    des voyages fabuleux. On racontait aussi toutes sortes d’anecdotes sur sa prétendue cécité volontaire, sur son célibat, sur sa fortune, considérable d’abord, puis compromise par ses voyages, enfin restaurée grâce à des lettres publiques ou à des artifices renouvelés de Thalès. Tout cela est sans intérêt. Cf. Zeller, p. 280 n. 1, et Mullach (Didot) p. 334 et suivantes.

  1. Voir Mullach, p. 338.
  2. Presque tous les textes sont cités dans Zaller, p. 285 et suiv.