Il était né à Abdère, colonie de Téos, sur la côte de Thrace, patrie aussi de Protagoras[1]. Lui-même, dans un passage de ses œuvres rappelé par Diogène Laërce, se disait de quarante ans plus jeune qu’Anaxagore, ce qui conduirait à placer sa naissance vers 460. C’est eut-être à Abdère même qu’il connut Leucippe le véritable fondateur des théories atomistiques, s’il est vrai que ce dernier fut aussi un Abdéritain. Quoi qu’il en soit, Démocrite voyagea beaucoup. Il se vantait lui-même, au début d’un de ses ouvrages, d’avoir plus voyagé qu’aucun de ses contemporains[2] : il était resté cinq ans en Égypte[3] et avait parcouru une grande partie de l’Asie[4]. On voit par son propre témoignage comment il voyageait : il causait avec les savants, en particulier avec des mathématiciens, qu’il trouvait d’ailleurs peu capables de lui apprendre grand-chose, et surtout il observait la nature[5]. Il vint à Athènes, mais semble y avoir passé inaperçu[6], ce qui s’explique suffisamment par la différence des idées qui y régnaient alors : ni les sophistes, ni Socrate, ni les socratiques ne pouvaient s’intéresser vivement à ses recherches. Il mourut fort âgé, à quatre-vingt-dix ans, selon les uns, à plus de cent ans selon d’autres, par conséquent dans le second quart du ive siècle[7].
- ↑ Pour tous les textes relatifs à ces détails biographiques, cf. Mullach. Bibl. Didot), p. 330-336.
- ↑ Fragm. var., 6 ; p. 370 (Mullach-Didot)
- ↑ Ibid.
- ↑ Strabon, XV, 1, 38, p. 703.
- ↑ Ἀέρας καὶ γέας (loc. cit.)
- ↑ Témoignage de Démocrite, dans Diog. Laërce, IX, 36.
- ↑ Une foule de légendes se sont attachées à la mémoire de Démocrite et l’ont obscurcie. Il a passé pour un magicien, et on lui a prêté
dans les Fragm. Philosoph. graecorum de la Biblioth. Didot, t. I, p. 330-382). Voir aussi Gomperez, Griechische Denker, ouvrage en cours de publication, dont le premier volume (p. 254 et suiv.) contient le commencement d'une belle étude sur l’école atomistique et sur Démocrite ; et Mabilleau, Hist. des doctrines atomistiques (Paris, 1895), livre II, ch. ii. À consulter, Liard de Democrito (Paris, 1873).