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lolaos, Archytas de Tarente ; des médecins, comme Hippocrate et ses disciples ; des historiens et des annalistes, comme Ctésias ; des polygraphes ou des spécialistes, comme Ion de Chios ou Enée le tacticien[1]. Tous ces écrivains sont en dehors, pour ainsi dire, du grand, courant de la littérature. Quelques-uns s’attardent à écrire en dialecte ionien ou dorien. Ce sont moins des artistes que des savants ou des curieux. Deux ou trois sont de très grands esprits ; plusieurs même eurent du talent littéraire ; mais aucun n’a jamais été rangé parmi les classiques de la prose grecque ; de la plupart il ne reste que des fragments, presque toujours fort courts. L’étude de leurs écrits, à vrai dire, intéresse plus l’histoire des idées que celle de la littérature proprement dite. Nous avons donc à leur accorder qu’une rapide mention.

I

§1. — Démocrite d’Ardère


Le philosophe Démocrite, qu’une légende populaire aussi répandue que bizarre ne cesse d’opposer à Héraclite[2], est une des figures les plus intéressantes de ce groupe[3]

  1. Il y eut en Grèce, au Ve et au VIe siècle, une très active production scientifique et technique. Aristote fait souvent allusion (sans les nommer toujours) à de nombreux écrivains qui avaient traité les mêmes sujets que lui, par exemple en histoire naturelle. Xénophon avait eu aussi des prédécesseurs pour son traité De l’équitation (Équit., début) ; toute cette littérature est perdue. Nous ne signalerons, dans le présent chapitre, que les noms les plus saillants.
  2. Voir t. II, p. 505.
  3. Biographie dans Diogène Laërce, IX, 34-49, notice de Suidas. — Sur Démocrite, outre les histoires générales de la philosophie grecque (Zeller, t. II, p. 280-374, trad. fr.), voir Mullach, Democriti Abderitæ operum fragmenta, Berlin, 1843 (ouvrage repris et résumé par l’auteur