pondant (ἐπιχείρησιν ποιεῖσθαι = ἐπιχειρεῖν), soit dans une foule de phrases où ces substantifs tiennent la place de l’infinitif du verbe pris substantivement (ή ἐπίπεμψις = τὸ ἐπιπέμπειν)[1]. Tout cela donne à l’expression de l’imprévu, et parfois une brièveté élégante, quoiqu’un peu cherchée. La hardiesse de la syntaxe achève d’ailleurs l’effet commencé par le choix du mot ; ces substantifs se construisent grammaticalement avec une liberté singulière, à la fois verbes et substantifs, rappelant par leur syntaxe leur double nature, celle qu’ils firent de leur origine et celle qu’indique leur terminaison[2]. Thucydide construit souvent ces substantifs verbaux avec des adverbes ; mais souvent aussi l’adverbe en pareil cas se change en adjectif, et la locution n’en devient pas beaucoup plus naturelle : par exemple, διὰ τὰς ἀφράκτους οἰκήσεις, pour διὰ τὸ ἀφράκτως οἰκεῖν[3]. En outre, ces substantifs, qui ont d’ordinaire un sens abstrait, prennent parfois chez Thucydide un sens à demi concret, par exemple dans la phrase célèbre sur Athènes, « l’école de la Grèce » : παίδευσιν τῆς Ἑλλάδος[4].
C’est le goût de la précision encore qui fait que Thucydide aime à employer les verbes composés avec une préposition, ἐγγίγνεσθαι, ἐνστρατοπεδεῦσαι, ἐνναυπηγεῖν, au lieu des verbes simples correspondants ; il insiste par là sur des relations de temps ou de lieu qu’un autre écrivain ; se contenterait de laisser deviner.
Lors même qu’il se sert des mots les plus simples, il lui arrive, pour, satisfaire à ce besoin de rigueur et de nouveauté quile possède, d’en déterminer le sens avec
- ↑ Thucydide, II, 39, 2.
- ↑ C’est ainsi que Thucydide écrit : οὐ παραιτήσεως μᾶλλον ἕνεκα ἢ μαρτυρίου καὶ δηλώσεως οἵαν ὑμῖν πόλιν… ὁ ἀγὼν καταστήσεται (I, 73, 4) ; ou encore : ἀγανάκτησιν ὑφ’οἴων κακοπαθεῖ (I, 41, 3), puis ἀντιλογίαν τινί (I, 73, 1), ἐπίπλους τῇ Πελοποννήσῳ (I, 17, 4), τῷ αὐτῷ ὑπὸ πάντων ἰδίᾳ δοξάσματι (I, 141, 7), etc.
- ↑ Thucydide, I, 6, 1.
- ↑ Thucydide, II, 41, 1. Cf. 90, 2.