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ses efforts sur le point qu’il a choisi, et quels flots de lumière il y a répandus !

Dès le début de l’ouvrage de Thucydide, l’introduction magnifique qui forme le premier livre de nos manuscrits et de nos éditions donne l’idée d’une œuvre puissamment composée ; on sent d’un bout à l’autre une même pensée partout présente à l’esprit de l’écrivain, à savoir la volonté d’expliquer les causes de la guerre. Pas un instant, pour ainsi dire, Thucydide ne perd de vue son objet. C’est bien à tort qu’on pourrait être tenté de voir une digression proprement dite dans les trente chapitres où l’historien présente une esquisse des événements accomplis entre les guerres médiques et la guerre du Péloponèse ; ce prétendu épisode tient essentiellement son propos ; car, ce qu’il y fait voir, c’est l’accroissement ininterrompu d’Athènes, lequel, par la jalousie de Sparte, devient la cause principale de la guerre. Dans les livres suivants, même caractère. En général, rien de plus droit, rien de plus inflexible que l’allure du récit de Thucydide ; il marche à son but d’un pas toujours égal, sans se laisser jamais détourner de sa route.

Il y a pourtant, dans Thucydide, huit ou dix morceaux, plus ou moins étendus, dont on ne voit pas bien, à première vue, le rapport avec l’ensemble du récit, ou qui du moins n’ont avec le reste qu’un lien assez lâche ; par exemple, dans le premier livre, les récits sur la révolte de Cylon (ch. cxxvi), sur la fin de Pausanias (ch. cxxvii-cxxxi) et sur celle de Thémistocle (ch. cxxxvi-cxxxviii) ; dans le troisième, l’histoire de la purification de l’île de Délos (ch. civ) ; dans le sixième, celle de l’expulsion des Pisistratides (ch. liv et suiv.), déjà effleurée au premier livre (ch. xx). Quelques éditeurs ajoutent à cette énumération les morceaux sur l’état de l’Attique avant Thésée (II, xv) sur le royaume des