l’idée tant de pointe et de perçant. Mais il n’est pas l’esclave de sa propre rigueur. Il est artiste autant que logicien, c’est-à-dire épris de la vie et de la grâce ; de là, dans la syntaxe, une liberté que ne connaissent ni le latin ni le français ; dans le rythme, une variété qui évite jusqu’à l’apparence du mécanisme ; dans tout l’ensemble du discours, une souplesse, une liberté qui corrigent à chaque instant (ou plutôt qui préviennent) ce que le trop de netteté pourrait avoir de fatigant, et font ressembler la belle prose attique à la parole vivante d’un « honnête homme ». Ajoutez que le vocabulaire attique, comparé au nôtre, est remarquablement concret ; il est bien plus semblable au langage du peuple ; il est tout près encore de la conversation ; il a, par conséquent, quelque chose de très savoureux et de très vif. De tout cela se forme un ensemble exquis, où les qualités-essentielles d’une grande prose classique, netteté, force logique, raison, se tempèrent de grâce et d’élégance.
On se tromperait pourtant si l’on croyait que l’atticisme est arrivé d’emblée à réaliser cet idéal. En outre, les traits que nous venons de réunir ne se rencontrent pas également chez tous les attiques. Une histoire de la prose attique doit avoir précisément pour objet, tout en étudiant le caractère original de chaque écrivain, de suivre, à travers les particularités accidentelles qui tiennent la nature des individus, l’évolution qui se continue de l’un à l’autre, la série des actions et réactions parfois même le réseau des influences entrelacées qui ont fait l’atticisme tel qu’il est. Inutile d’ajouter que tous les prosateurs dont nous aurons à parler dans ce volume ne sont pas Athéniens de naissance ; que quelques-uns même ont peu subi l’influence d’Athènes et en sont pas proprement des attiques ; nous aurons à mentionnes des écoles, des