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78 CHAPITRE III. — CONCOURS TRAGIQUES

cela était soumis à une symétrie éléganto, d'où résultait une impression agréable d'ordre et de liberté *. La divi- sion la plus ordinaire était la dichorie, par laquelle le chœur se partageait en deux sections ^. En portant le nom- bre des choreutes de douze à quinze, et en mettant à la disposition du coryphée deux sous-chefs ou parastates, Sophocle fit beaucoup pour donner à tous ces mouvements plus d'aisance et aussi plus d'ampleur ^

Le chœur tragique évoluait soit en marchant, soit en dansant. La marche proprement dite convenait surtout au défilé d'entrée ainsi qu'à la sortie ; elle se faisait au son de la flûte, et par conséquent elle était nettement ryth- mée ^. Pendant la pièce même, quand le chœur ne se te- nait pas immobile, ses mouvements devaient être plutôt des danses que des marches. D'une manière générale, la danse tragique s'appelait emmélie (èftjjLsXsia) ^ Ce qui la distinguait éminemment, c'étaient la noblesse et la gravité. De là vient qu'en Topposant à l'hyporchème, vif et léger, on la considérait à peine comme une danse. En l'absence de témoignages précis, il convient de se la représenter comme un système d'évolutions lentes et symétriques, exécutées à pas rythmés, sans rien de brusque ni de saccadé ^ Mais en admettant ce que ce fut là le type

1. Xénophon, Econom, VIII, 3.

2. Pollux, IX, 107 ; Hésychius, v. ôtxoptà^eiv. Il est difficile d'ad- mettre avec A. Mûller que le terme ôt^opia ait désigné l'emploi si- multané de deux chœurs dans une même pièce, par exemple d'un chœur d'hommes et d'un chœur de femmes, comme dans la Lysistrate d*Aristophane. Ce n'est pas là le sens naturel du passage de Pollux.

3. Voyez Mutf, Chorische Technik des Sophokles, p. 11 et suiv. Les deux textes princi()au\ sur les parastates sont: Aristote, Poliliquet III, 4 et Métaphysique, IV, il.

4. Le fait est attesté pour la sortie. Il est prouvé pour l'entrée par cette simple observation, qu'au temps d'Eschyle, elle était ordinaire- ment accompa{?née d'une récitation anapestique.

5. Pollux, IV, 99; Lucien, Danse mimique, 22 et 26. Sur son carac- tère propre, Athén. XIV, 630 E; Platon, Lois, VII, p. 816 A.

6. Signalons, à titre de simple rapprochement, le bas-relief n* 59

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