668 CHAPITRE XIV. — POÉSIE HORS DU THEATRE
riafluence des tragiques,de Phrynichos oud^Eschyle^nous pouvons assurément la soupçonner, mais non Tétablir. La composition du poème, ses limites, Timportance rela- tive donnée aux diverses scènes, la force des sentiments, la valeur dramatique des personnages, presque tout en un mot nous échappe K Toutefois l’expression de Suidas, qui appelle la Perséide « la victoire des Athéniens sur Xer- xès », nous autorise à croire tout au moins que la bataille de Salamine était le centre de la composition et que le rôle d’Athènes y était le premier. D’après le même biographe, Athènes témoigna magnifiquement sa reconnaissance au poète : elle lui fit donner un statère d’or par vers et elle ordonna que la Perséide serait lue publiquement avec les poèmes d’IIomère. Cette double assertion aurait grand besoin d’être confirmée. Toutefois, quand Héraclide rap- porte que Platon préférait Antimaque à Ghœrilos qui avait alors la faveur publique, on est en droit de conclure de là que la Perséide eut au moins un succès passager. Aristote la cite plusieurs fois, mais il reproche à l’auteur ses comparaisons cherchées et obscures ^. L’opinion des Alexandrins mit Ghœrilos fort au-dessous d’Antimaque^; Denys d’Halicarnasse et QuintiUen, qui représentent les jugements traditionnels de l’école, ne le nomment même pas. Les fragments de son poème se réduisent à une ving- taine de vers. Un débris du prologue, d’un style laborieux et médiocre, tout en images mal coordonnées, nous mon- tre que le poète, contrairement à l’habitude homérique, intervenait lui-même dans son récit pour en juger et en signaler les difficultés.
« Heureux le serviteur des Muses, qui fut habile à chanter dans ces temps lointains où la prairie était encore vierge.
1. Les lecteurs curieux de conjectures pourront consulter à cet égard celles de Naske, dans son édition des fragments de Ghœrilos, Leipzig,. 1817, ou dans ses Opuscules, 1. 1.
2. Aristote, Topiques, VIII, 1.
3. Voy. l’épigramine de Gratés citée plus haut.
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