Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t3.djvu/672

Cette page n’a pas encore été corrigée

660 CHAPITRE XIV. — POÉSIE HORS DU THÉÂTRE

sée (XIX, 172), il dépeint la cité idéale du cynisme, qu'il appelle (nvipiri), c'est-à-dire Besace.

«c II est un pays appelé liij/si;, au milieu des flots sombres de l'orgueil, un beau pays fertile, entouré d'eau, et qui ne possède rien. Là n'aborde jamais ni le vain parasite, ni l'in- filme débauché, lascif et provocant. L'île produit du thym et de l'ail, des figues et du pain sec. Aussi point de guerre entre les habitants pour s'en disputer les fruits ; on n'y prend pas les armes pour un peu d'argent, on ne les prend pas pour la gloire 1. »

Cette poésie provenait d'un sentiment sincère ; mais elle avait le tort, comme toute parodie, de se complaire dans une forme très artificielle. Toutefois la comédie ayant presque cessé alors de se moquer des ridicules, ce genre avait sa raison d'être. Nous le retrouverons dans la période alexandrine et plus tard dans la période ro- maine sous des aspects un peu différents, mais toujours identiques au fond. Cratès est l'ancêtre de Timon, de Mé- nippe de Gadara et même de Lucien.

��VI

L'épopée ne pouvait avoir, ni au v®, ni au iv® siècle, une destinée aussi brillante que la poésie lyrique. Les habitudes d'esprit et les opinions qui prévalaient alors ne lui convenaient pas. Aux anciens héros avaient suc- cédé les grands hommes ; à la mythologie, Thistoire et la philosophie; à la naïveté primitive, le désir de savoir et l'art de raisonner. Rien de tout cela n'était épique. D'au- tre part, on ne savait peut-être pas encore assez se dé- tacher du présent pour que Tépopée savante fût possible. Et d'ailleurs l'art dramatique, alors en pleine floraison, attirait naturellement et absorbait les esprits vraiment

1. Diog. Laërce, VI, 85. Pr. 7 Bergk.

�� �