654 CHAPITRE XIV. — POÉSIE HORS DU THÉÂTRE
à rhistoîre de la poésie épique qu'à celui de la poésie élé- giaque. Nous le retrouverons un peu plus loin. Toutefois il est impossible de ne pas mentionner ici le recueil doses élégies, et surtout la composition célèbre sous le nom de Lydé *. 11 nous en reste six fragments qui ne font pas en- semble neuf vers complets ; mais les témoignages nous permettent de nous en former une idée. C'était en fait une sorte de poème épique sous forme élégiaque ; ce poème avait au moins deux ou trois livres. Antimaque, profon- dément affligé, dit-on, par la perle d'une femme nommée Lydé, qu'il avait aimée, cherchait dans ce poème à se con- soler lui-même en rappelant ce que des héros illustres avaient souffert de Tamour ^. L'expédition des Argonautes, nous ne savons trop pourquoi, y tenait une place consi- dérable. Le mérite propre du poème nous échappe ; mais l'érudition qui s'y étalait complaisamment se laisse encore deviner. Si Antimaque avait préféré à la forme épique celle de Télégie, c'était peut-être justement afin de pouvoir intervenir plus librement dans le récit et y mêler, comme dans une sorte de libre causerie, ses souvenirs érudits et infiniment variés ^
Quoi qu'il en soit, cette élégie, narrative ou descriptive, s'écartait sensiblement de la vraie élégie lyrique, de plus en plus envahie par la banalité. C'était en fait un genre nouveau, quelque peu artificiel, où ne serencontrait plus cet accord intime de la forme et du fond, qui avait été spontanément réalisé dans toutes les grandes créations du génie grec. Ce genre allait grandir pourtant et acqué-
1. Et. de Byzance, v. Acotov, cite le livre II. Le livre III était peut- être cité par Suidas, v. 'OpYeàivcç, si la correction de Gaisford est vraie.
2. Plutarque, Consol. à Apollon., p. lOG B. Cf. Hermésianax, Leontion, V. 41 ; Ovide, Tristes, I, 6, 1 ; Anthol. Palat., XIl, 168 et IX, 63. Ap- préciation sévère de Gallimaque dans le scoliaste de Denys le Pé- riégéte, p. 317, 21, Bernhardy; nous y reviendrons un peu plus loin.
3. Sur la Lydé d'Antimaque, cf. Gouat, La poésie Alexandrine, p. 64.
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