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MÉNANDRE 611

ce n'est pas cela. Eh bien I moi, occupé du matin au soir à bêcher ma terre, je viens de le trouver. Le bien, c'est la paix. Zeus bien-aimé, quelle aimable et bienfaisante déesse ! No- ces, fêtes, parents, enfants, amis, richesses, santé, blé, vin, plaisir, tout cela, c'est elle qui nous le donne ; vient-elle à disparaître, avec elle meurt tout ce qui fait vivre les vivants. »

La naïveté de ce brave homme est vraiment amusante. Toutefois le Trinummus donnerait à penser que Philé- mon se laissait aller un peu trop à sa facilité brillante. Quand le sujet choisi était peu fécond en situations comi- ques, il y suppléait par des incidents de conversation ou par des dissertations familières, trop artificielles. Ce dé- faut parait se trahir encore dans quelques-uns de ses fragments ^ Il y avait en lui peut-être trop d'habiletés, qui suppléaient mal à Tétude consciencieuse de la réa- lité.

Le vrai représentant du théâtre d'alors, celui qu'on appelait dans les écoles byzantines « Tastre de la nou- velle comédie ^ », ce fut Ménandre. Né à Athènes un peu avant 340 ^ il était plus jeune que Philémon d'environ vingt ans. Nous ne savons rien de son père Diopithe de Képhisia ni de sa mère Hégésistraté, sinon qu'ils étaient riches ^. Neveu du poète Alexis, dont nous avons parlé plus haut, il reçut de lui, dit-on, les premières leçons de

1. Fragm. 7, 11, 88, 89, 90, etc.

2. Prolégom. Didot, IX b, fin : "Oç adrpov ècrrl tt); via; xwjKofiiaç, àç |i£(iaOir)xa{i£v. — Parmi les ouvrages critiques relatifs à Ménandre, il faut mentionner, outre ceux qui ont été cités plus haut, VEssai histo- rique sur la comédie de Ménandre, de M. Gh. Benoit, Paris, 1854, avec le texte de la plus grande partie des fragments du poète. Sur les com- mentaires byzantins relatifs aux comédies de Ménandre, voir G. Sa- ihaLS {Annuaire des Études grecques, 1875).

3. Prolégom. Didot, III ; il était encore éphèbe sous l'archontat de Philoclés en 322-1.

4. Même notice : AafAitpb; xa\ pi'o) xa\ yiyei. Cf. Suidas, Mlvavfipoç. Diopithe de Képhisia (Apollod. dans. Aulu-Gelle, XVII, 4) a été confondu à tort avec le général Diopithe de Sunium, dont parle Dé- mosthéne dans son discours Sur les affaires de Chersonnèse.

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