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610 CHAPITRE XIII. — LA COMÉDIE AU IV» SIÈCLE

son *'E[i.::opo;, le Trinummus de son Qvjçaupoç, et peut- être la Mostellaria de son <ï>àG[i.a. Autant qu'on peut ju- ger des pièces originales d'après ces imitations, Philémon s'attachait plus aux situations qu*à la peinture des senti- ments. Ses personnages avaient peu de relief; beaucoup d'entre eux se ressemblaient vraiment par trop. Dans le Trinummus^ nous trouvons jusqu'à quatre vieillards qui parlent et qui pensent de même, à peu de chose près. C'est que le poète n'étudiait pas toujours les mœurs assez finement pour faire ressortir les différences délicates qui caractérisent les hommes. En revanche, il savait inven- ter des incidents comiques et les faire valoir. Le Merca- tor nous donne bien Tidée de ce genre de comédie su- perficielle, médiocrement soucieuse de la vraisemblance morale, mais parfois fort plaisante. Ajoutons que Philé- mon semble avoir eu de Timagination et de l'esprit. Le principal personnage de son Éphèbe s'exprimait ainsi ^ :

« Non, ce n*est pas seulement quand on va en mer qu'on doit craindre la tempête; elle peut nous assaillir, Lacbès, mémo quand on se promène dans le portique, même quand on reste chez soi, au coin de son feu. Et encore, en mer, on ne la subit que de temps à autre, pendant un jour seulement ou une nuit ; et ensuite, après l'épreuve, on est sauvé. Un bon vent s'élève ; c'est le salut, ou bien on aperçoit le port. Ici, que les choses sont différentes I Ce n*est pas un jour, c'est une vie entière d'orages que j'ai à subir, et sans cesse ma souffrance devient plus terrible I »

Il ne manquait non plus ni de verve ni de bonne hu- meur. Dans une de ses pièces, un campagnard s'écriait ^ :

« Les philosophes, m'a-t-on dit, cherchent, — et ils dépen- sent à cela beaucoup de temps, — en quoi consiste le bien. Aucun d'entre eux ne l'a encore trouvé. C'est la vertu, disent- ils, c'est l'intelligence, c'est tout ce qu'on veut,... en somme

4. Philémon, fr. 28. 2. Fragm. 71.

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