602 CHAPITRE XllI. — LA COMÉDIE AU IV* SIÈCLE
n*en gardaient pas moins quelque chose de la malice et delà fantaisie originelles K
Les sujets des pièces furrnt pris de plus en plus dans la vérité humaine. Là est le caractère vraiment distinc- tif de la comédie nouvelle. Ce (|ue Ion cherchait, en tâ- tonnant dans une demi-obscurité, depuis la disparition de la comédie anci<'nne, celle-ci l'aperçut distinctement et le réalisa. Il y avait soixante ans qu'on tendait à se rapprocher de la réalité; on restait gêné par les souve- nirs des extravagances d'autrefois, auxquelles on es- sayait encore de sup^déer par un comique de convention. Ménandre et Philémon affranchirent définitivement la co- médie, en lui donnant pour objet unique la représenta- tion fine et vraie de la vie contemporaine. Une sorte de révélation se fil par eux. Les descriptions de festins in- terminables, les parodies, les contrefaçons de discussions philosophiques, les plaisanteries convenues, les bavar- dages ronflants des cuisiniers, les vanteries des soldats fanfarons, les longs récits des parasites, tout ce qui avait amusé deux générations d'Athéniens, entre la fin de la guerre du Péloponnèse et Tavènement d'Alexandre, parut brusquement fastidieux, quand la vérité fut trouvée. Si Ton en garda quelque chose, ce fut à titre de brefs épi- sodes, tout à fait secondaires ; encore ce vieux fond ne subsista-t-il, même dans ces conditions, qu'en se modi- fiant sensiblement. L'intérêt fut ailleurs. Dès qu*on eut montré aux Athéniens la véritable image de la vie athé- nienne, et, derrière celle-ci, l'image de la vie humaine en ce qu'elle a d'éternellement attachant, ils ne voulurent plus autre chose.
En ce genre, le sujet par excellence s'offrit ou s'imposa de lui-même : ce fut l'amour. Une passion qui est de tous
1. On trouvera dans l'étude de ^l. Fabia sur les Prologues de Térence (Paris, 188S) d'utiles indications sur l'histoire du prologue dans la comédie j^recque (çh. II, p. Cl et suiv.).
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