L*INTRIGUE ET LES PERSONNAGES 591
un groupe de personnages doués d'une vie morale vrai- ment délicate et profonde, on n'aurait jamais songé à distinguer la comédie nouvelle de la moyenne. Pour que les œuvres de Ménandre et de ses contemporains aient pu constituer aux yeux de la critique un groupe vrai- ment distinct, il a fallu qu'une différence assez frappante s'y fit sentir. Or le genre au fond était identique, les su- jets traités étaient de même ordre, la matière comique était la même : c'était donc Tart qui était autre. Voilà pourquoi nous sommes autorisés à croire qu'aucun des poètes de l'âge intermédiaire ne réussit à dégager l'idéal de cette comédie qui était issue de celle du siècle précé- dent. Nous savons pourtant qu'ils créèrent un certain nombre de types convenus, dont la génération suivante ne dédaigna pas de proQter : ceux du parasite, du soldat fanfaron, du marchand d'esclaves, du cuisinier ; il est bien probable qu'ils en ébauchèrent encore beaucoup d'autres, types de vieillards et de jeunes gens, d'esclaves et de courtisans. Mais, en tout cela, ils amusaient sans doute les esprits par un semblant de vérité plaisante, plutôt qu'ils ne les attachaient par un intérêt moral sé- rieux. Sauf en quelques passages et par exception, leurs personnages ne découvraient guère le fond de leur âme; ils avaient plus de ridicules extérieurs que de sentiments vrais; ce qui leur manquait essentiellement à tous, c'é- tait ce quelque chose d'intime qui est l'homme même. Par suite, il est permis de conjecturer ce qu'était l'intrigue. Des Grecs du iv* siècle, qui avaient lu Euripide, ne pou- vaient être embarrassés de combiner ingénieusement des événements. Il n'y a vraiment aucune raison de suppo- ser que ce genre de combinaison ait manqué à la comé- die dès la première moitié du iv® siècle. Beaucoup des titres qui ont été cités plus haut nous suggèrent Tidée d'aventures plus ou moins compliquées. Même un auteur ancien, Platonios, loue les poètes de la moyenne comédie
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