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PEINTURE DES MŒURS 589

siècle, c'est la représentation des mœurs. Non que cette représentation fût tout à fait inconnue jusque-là sur le théâtre; nous avons vu comment, chez Aristophane et ses contemporains, elle se faisait jour déjà, malgré les conditions défavorables du temps ; mais enfin, c'était la fantaisie qui dominait alors, et elle ne permettait pas à l'observation de se développer. Une fois que la fantai- sie fut écartée avec le chœur, l'observation prit tout à coup le dessus. L'histoire de la comédie au iv® siècle n'est, pour ainsi dire, que celle de ses progrès. D'abord superficielle, s'attachant aux dehors, puis de plus en plus délicate et intime, jusqu'au temps de Ménandre, où elle atteignit le point de perfection qu'elle ne devait pas dépasser.

Un grand nombre des pièces comiques qui furent jouées à Athènes entre la fin du v® siècle et Tavènement d'A- lexandre le Grand ont pour titres des noms qui désignent soit un métier, soit une condition sociale, soit un pays : le Paysan ("Aypoixo;) la i?accommorfe?/5e ('AxecTpia), la Femme quipêche ( 'AXieuo[t£VYj),le/(9we2/r de flûte (AùXyit/);), la Béotienne (Boicoti;), le Byzantin (BuÇàvrto;), VÉpidau- rien ('EjciSaopio;), VEphésienne ('Eçsata), le Zacynthien (ZaxuvSio;), le Peintre (Zuïypàcpo;), le Cocher ( *Hvi6;(^o;), le Soldat (SrpxTKOTY);), le Jardinier (KriTroupo;), le Foulon (Kvaçeu;), le Maître d'armes (*OxXo;j.àp;), etc. D'autres, également nombreuses, empruntent leur titre à une par- ticularité dramatique, soit à une aventure, soit à un état mental d'un des personnages, soit à un détail caractéris- tique de l'action : V Ennemi des méchants (MiaoTuowipo;), les Monuments (Mvy)[i.aTa), les Frères consanguins ÇO\lo^ icdcTpioi), les Homonymes ('0[jLœvu(jLOt), les Proverbes (Ila- pontiai), les Jumeaux (AtSujtoi), le Trésor (ÔYiaaupoç), V Ou- trage (Têpi;). Dans l'ignorance où nous sommes de ce qu'étaient au juste ces pièces, nous devons user de beau- coup de réserve en essayant d'en deviner le contenu

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