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672 CHAPITRE XII. — ARISTOPHANE

Iro iirio siliinlion tragique brusquement évoquée et une 0iluali(»n comique qu*on a sous les yeux et qui en est la caricature. Kilo est aussi dans la folie des expressions, dans l'absurdit/) du mot inattendu, jeté au milieu des ter- meH pompeux do la haute poésie, et c'est justement à celte Horle de jeu qu'Aristophane excelle. Il a le don de TexpreHsion moqueuse. Le chant de triomphe de Strep- HUiiU% quand il apprend que son Gis est prêt à le tirer d'ad'rtirr, est on ce genre d'un comique achevé *.

(i»îtt(î pii^slesse se retrouve d'ailleurs partout, et elle Hort h iniMe eiïets variés. Nul ne sait mieux qu'Aristo- phane (M)up(T une phrase, détacher un trait, accumuler des mots, h)s m(>ttre en opposition, il y a un tour de main, pour ainsi dire^ qui distingue l'écrivain dramati- (pie de cehii (pii veut simplement être lu; c'est un art de Hacridiîr tout ce qui n'est pas vivant et de mettre en va- leur jusqu'aux petit(\s choses; ce style dramatique, Aris- lopliane le possède d'instinct. Ce n'est pas assez de dire (pie son dialoguo est plein de vie et de mouvement; charpie |)hra8e y (^st un trait, chaque mot y provoque le rire. Qu'on relise, dans hîs Chevaliers^ lu plaisante scène où l'eschive l)émosth(>no fait subir au charcutier l'exa- men préalable, pour bien constater que, ne sachant rien, il r.Ht |)ré(b'stiii6 à devenir homme d'État^. Le charcutier, tout timide encore, n'en revient pas ; de petites questions, des dout(\s, des exclamations naïves, plus de gestes et de jeux (le |)hysî()nomie que de mots ; il croit et ne croit pas, il est li^, moitié défiant, moitié convaincu, dans la main du drôle qui le pousse. Et du côté de celui-ci, au contraire, hîs phrases nettes et courtes, le ton de maître, hîs assertions catégoriques ; et, avec cela, quand il le faut, le mot insinuant bien placé, le mot qui provo- que l'ambition, qui détruit le doute, qui rassure ou qui

1. Nuées 1 1154 et suiv.

2. Chevaliers, 150 et suiv.

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