des mers avec les alcyons, venez apprendre du nouveau ; j’appelle ici à l’assemblée tous ceux qui volent le cou tendu [1]. »
La chanson moqueuse et obstinée des grenouilles n’est pas moins vive ni moins descriptive. On y sent la fraîcheur de l'eau, la gaieté du rayon de soleil tamisé par les herbes humides, le crépitement de la pluie sur la surface de l'étang :
« Oui, nous crierons, plus fort et plus fort encore, si jamais dans les belles journées, sous le soleil ardent, nous avons sauté parmi le souchet et la massette, toutes joyeuses de chanter au rythme brusque de nos plongeons; ou bien si, fuyant l’averse de Zeus, nous avons, en dansant au fond de l'eau, fait retentir nos chansons saccadées parmi le bruissement des gouttelettes. Brékékex, coax, coax [2]. »
Que faut-il à cette Bne et savoureuse poésie de la nature, si pleine d’impressions vives et vraies, si riche de sons, de jeux de lumière, de sensations variées, que lui faut-il pour devenir une grande poésie ? Un peu de rêve et rien de plus. Ne lui demandons pas même de renoncer à son enjouement ; quand elle voudra rêver en souriant, ce sourire ne lui ôtera rien de sa beauté. N’est-ce pas une chose exquise par exemple, et vraiment inimitable en son genre, que cette antistrophe de la seconde parabase des Oiseaux, où le chœur vante la joie de cette vie libre et tout aérienne, que n’effleure aucun souci?
« Heureuse la race ailée des oiseaux! L’hiver, ils n’ont pas à s’envelopper de tissus de laine ; l’été, nous n’étouffons pas sous le rayon brûlant qui luit au loin. Parmi les prés en fleurs, j’habite dans les replis de la verdure, lorsque la divine chanteuse des sillons, tout affolée par les feux de midi, jette son cri strident. Je passe l'hiver dans le creux des antres à jouer avec les nymphes oréades ; au printemps, je me nourris des