SES PERSONNAGES 557
cette parole vive et juste, cette connaissance des hommes, où Ârislophaoe avait-il vu tout cela sinon chez ses con* citoyens? — Ce qui est vrai de Pisétaire lest également de Lysistrate, qui lui ressemble tant. Elle aussi est un chef; elle l'est même à un degré supérieur, parce qu'elle est moins sûre de ses troupes; avec plus de finesse et plus d'autorité, elle a d'ailleurs les mêmes qualités. Il lui manque d'être femme au sens où nous l'entendons : elle est adroite, insinuante, moqueuse, en même temps que résolue; si elle avait la grâce qui vient de la réserve, elle serait charmante. Le défaut de son caractère est celui même de la comédie ancienne : une femme qui n*a point de pudeur n*est pas pour nous une femme; c'est un être en dehors de la réalité. — On peut passer sous si- lence le Mnésiloque des Fêtes de Déméter^ qui n'est vrai- ment qu'un rôle de convention et de parodie, comme celui d'Àgathon, comme celui d'Euripide. — Mais, dans les Grenouilles^ voici de nouveau, sous la grimace bouffonne, la vérité humaine. Il ne faut pas rire seulement de ce poltron entreprenant qui s'appelle Dionysos, il faut l'ad- mirer aussi pour ce qu'il y a en lui de réel et de vivant. Son désir le pousse en avant, sa crainte le tire en arrière; sauf l'exagération grotesque, la nature humaine n'est-elle pas ainsi faite? Au reste, il est bien Athénien, lui aussi, par la vivacité de ses sentiments, par ses changements brusques d'idées, par ses enthousiasmes soudains, par son esprit foncièrement moqueur, et, en fin de compte, par ses inconséquences. Il nous amuse par sa fantaisie, mais il nous charme par sa vérité. L'un des aspects ne doit pas nous faire oublier l'autre.
Praxagora n'a qu'un rôle assez court dans V Assemblée des femmes ; il faut rappeler pourtant ce qu'elle y porte d'activité et d'adresse. Mais que de bonne vérité dans ces deux personnages que nous représente la même pièce, deux citoyens anonymes, l'un, naïf, empressé d'obéir à
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