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542 CHAPITRE XII. — ARISTOPHANE

était bâtie la comédie où ils jouaient leur rôle, on peut conjecturer, d’après les reproches généraux faits à l’au- teur, on quoi elle péchait. Une fois introduits, ces Archi- loqucs n’avaient plus rien à faire que des discours ; ils en faisaient donc et des plus hardis, avec cette verve co- mique et cette exubérance de satire bouffonne qui carac- térisaient le vieux poète : ce n’étaient pourtant que des discours ; l’idée dramatique avait avorté et la satire seule sauvait la pièce. Faute grave en somme, qui, par contraste, nous fait mieux comprendre un des mérites d’Aristophane. Ce n’est pas une bien grosse question sans doute que de savoir si Dicéopolis aura enBn la paix tandis qu’on se bat partout autour de lui, ni comment il l’aura, ni même quel usage il en fera ; mais enfin c^est une question ; et elle est si drôle par elle-même» dans son invraisemblance paradoxale, qu’elle nous prend par une sorte de curiosité d’enfants. Et les dettes do Strep- siade, n’est-ce pas là encore un amusant sujet de comédie? Comment ce malhonnête bonhomme viendra-t-il à bout de duper ses créanciers ? Et cette malhonnêteté d’occa- sion, comment finira-t-elle par retomber sur lui ? A tort ou à raison, nous voulons le savoir, et c’est la pièce. Toutes les comédies d’Aristophane sont ainsi faites : une situation qui se développe, une entreprise qui se poursuit, partout un dénouement entrevu, mais incertain» et par conséquent une véritable action. Entreprise et situation sont le plus souvent folios et paradoxales ; seulement, cette folie n’est pas si absurde qu’on ne puisse s’y inté- resser. Nous sommes en pleine fantaisie ; sans doute ; car ceci est la convention fondamentale de la comédie ancienne ; mais, pour peu qu’on l’accepte et qu’on se mette au point, celte fantaisie n’a rien de violent : elle ressemble plus ou moins à la réalité ou à la tradition. Trygée, paysan de TAttique, monte au ciel sur un es- carbot ; si cela nous parait un peu fort, il a soin de nous

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