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400 CHAPITRE XI. — COMÉDIE ANCIENNE

pièce à la façon Je Mégare ^ » Un tel scrupule marque une date. La comédie alhéniennf rougissait de ses origi- nes : c'esl quelle prenait conscience de sa valeur propre et de ses hautes destinées.

Il lui manquait encore un homme supérieur. Elle le trouva en la personne de Gratinos. La renommée litté- raire de celui-ci ne semble avoir commencé qu'assez tard ^ : ses succès sont circonscrits entre la mort de Ci* mon(ii9i et Tannée 423, date de la représentation de sa dernière pièce, qui précéda de peu le terme de sa vie'. Il était athénien de naissance. On nous le représente comme un homme qui aimait le luxe et la bonne ehère^. Aristo- phane, son jeune rival, s*est moqué de son goût pour le vin, et lui-même parait avoir passé condamnation sur ce point dans sa comédie de la Bouteille, On lui prêtait en- core d'autres vices. Que ces imputations fussent vraies ou non, c'était à coup sûr un tempérament exubérant, tout animé d'une sève ardente et joyeuse. Aristophane, dans la parabase de ses Chevaliers^ nous le dépeint en quelques traits frappants. Gratinos estpour lui une sorte de torrent impétueux : « 11 roulait avec un grand bruit d'acclamations à travers le pays plat, et, renversant tout sur son passage, il emportait pêle-mêle les chênes et les platanes et ses ennemis déracinés ^. » Lui-même s'est

��1. Fr. 2, Kock. Traduit d'après la restitution de Eock, fort incer- taine d'ailleurs.

2. D'après le Pseudo-Lucien (Cas de longévité, 25), Gratinos aurait vécu 97 ans. S'il est mort en 422, il serait né par conséquent en 5i9, Mais Aristote {Poétique, c. 3) nomme Ghionidès et Magnés comme les plus anciens poètes comiques athéniens de quelque renom, et Aris- tophane {pass. cité) mentionne Magnés avant Gratinos. Les snccôs de Gratinos n'ont donc pu commencer que vers 450 environ. Il aurait eu alors près de 70 ans : cela est si invraisemblable qu'il y a lieu do douter du renseignement fourni par le Pseudo-Lucien.

3. Cas de longévité, même passage. Gf. Chevaliers, argument.

4. Suidas, KpaTÏvo;.

5. Chevaliers, 526 et suiv.

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