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ÉPIGHARME 437

dans la comédie d'Epicharmo. En revanche, nous ne savons incme pas s'il avait un chœur à sa disposition; et quant à ses plans, il n'en est pas un seul que Ton puisse essayer de restituer avec quelque certitude *. Ce que nous en savons de plus précis, c'est encore ce qu'Ho- race nous laisse entendre, quand il dit que Plante rivalise avec Epicharme pour le mouvement et la rapidité,

Plautus ad exemplar siculi properare Epicharmi ^. Voisin encore de la comédie populaire, le grand poète de Mégare avait dû garder quelque chose de ses habi- tudes. Il est assez probable que chez lui les scènes étaient courtes, l'intrigue simple et presque élémentaire^ les péripéties peu nombreuses. Ses pièces allaient vite et droit au dénouement, comme les tragédies des contem- porains.

Était-ce d'ailleurs l'observation ou la fantaisie qui en faisait le principal mérite? Peut-être Tune et l'autre à la fois. Certains fragments des pièces mythologiques nous laissent entrevoir une imagination aussi variée qu'amu- sante. Les Noces d'Hébé contenaient la longue description d'une poche miraculeuse de Poséidon et d'un banquet olympien. Le poète, pour l'écrire, avait dû évoquer en esprit l'image du marché de Syracuse, avec ses étals gar- nis de poissons et de coquillages, connus et inconnus, de crustacés étranges, de volailles et de gibier de toute sorte; et il avait tiré de là une sorte d'énumération pantagruéli- que, dont nous pouvons encore sentir en quelque mesure le mérite propre. L'effet résultait surtout de l'entassement même des noms, du parti-pris imperturbable qui semblait traiter sérieusement les choses les moins sérieuses, mais

i . Welcker a pensé que le sjijet de Vllépheslos d'Épicharme (comme du drame satyrique d'Achéos qui portait le même titre) devait être la légende racontée dans la fable 166 d'Ilygin et dans le chap. 20 du !«•■ livre de Pausanias. C'est là une simple conjecture.

2. ]Iorace, Épitres, II, I, 58.

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