FARCE MÉGARIENNE 427
siècle, en sont bien le plus vivant témoignage * : une haine furieuse y respire, celle de l'aristocratie contre le peuple révolté et vainqueur ; l'histoire prouve que le peuple de son côté ne détestait pas moins Taristocratie^ Les riches, maîtres du sol avant la révolution, descendaient des con- quérants doriens ; les pauvres étaient les fils des anciens habitants du pays, cariens, lélèges, ioniens de sang mêlé, tous soumis longtemps à un dur servage. Quand la démocratie fut victorieuse et qu'elle lâcha la bride aux hardiesses iambiques des Dionysies, on peut croire que de ce vieux fond de haine le flot de la satire dut jaillir avec une singulière violence. On tourna en ridicule les puissants d'hier, on se vengea de leurs mépris par des épigrammes sanglantes. Ce fut là sans doute ce qui donna Tessor au génie comique. Mais il est difficile de croire que Ton ait persisté longtemps dans cette voie. Le parti aristocratique n'existait plus ; les moqueries dont on l'ac- cablait auraient bien vite paru surannées. D'autres chefs du peuple avaient surgi : c'était contre eux que la comédie devait se tourner, fidèle à Tinstinct d'opposition qui fait partout sa force et souvent son honneur. Mais le pouvait-elle? Jouissait-elle d^assez de liberté pour cela? Nous l'ignorons. Il faut se dire seulement que dans ces fêtes de village, au milieu du bruit, du désordre, bien des choses étaient possibles, qui ne l'auraient pas été dans une grande ville, sur un théâtre proprement dit.
Cette farce mégarienne, si mal connue en somme, a dû susciter quelques hommes qu'une humeur naturellement plaisante et agressive prédestinait à y exceller. Ils compo- saient sans doute pour les villages en fête des satires mi- miques, que l'on récitait et que Ton jouait pendant le comos, dans les rues et sur les places publiques. Le plus souvent
1. Voir t. II, p. 133 et suiv.
2. Voir le passage de Plutarque qui vient d'être cite.
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