FARCE MÉGARIENNE 425
que très anciennement, — et en tout cas dans le siècle où s'ébauche la comédie future, c'est-à-dire dans le sixième, — l'instinct mimique et Tinstinct satirique, sous l'in- fluence d'une excitation religieuse, le plus souvent dio- nysiaque, éclataient chez la plupart des populations grec- ques en manifestations bruyantes. Rien encore de bien défini; partout l'improvisation, le caprice; des idées ou plutôt des fantaisies folles qui jaillissaient au hasard des cerveaux échauffés; mais nulle réflexion, et par consé- quent nulle création durable.
Mégaro mérite pourtant d'attirer l'attention K « Les Mégariens, dit Aristotc, revendiquent l'honneur d'avoir inventé la comédie : ceux de l'isthme, en alléguant que la démocratie est née chez eux, et ceux do Sicile, parce que c'est leur cité qui a donné le jour au poète Épicharme, un peu antérieur à Chionidès et à Magnés ^;,.. ils se fondent aussi sur l'étymologie; car ils font remarquer qu'ils ap- pellent leurs villages des cornes (xwjAai) tandis que les Athéniens les appellent des dèmes; et ils pensent que les comédiens ont été ainsi nommés non pas à cause du co- mos, mais parce qu'ils allaient par les cornes, la ville se refusant à les recevoir ^ » Laissons de côté pour le mo- ment Mégare de Sicile et Épicharme, passons sous silence l'étymologie dont il est ici question, et ne retenons de ces lignes si importantes qu'un petit nombre de faits. Le pre- mier, c'est qu'il y a eu à Mégare de l'isthme une comédie politique dont l'essor fut associé à celui de la démocratie
1. L'existence do la comédie mégarienne, admise universellement jusqu'à nos jours, aetecontestoeparM.de Wilamowitz, Hermès^ IX, p. 319 et suiv. M. Denis, dans le chapitre II de son ouvrage cité, a fort bien montré la faiblesse réelle de son argumentation. Quoi qu'on fasse, elle est en contradiction formelle avec le toxle d'Aris- tote.
2. Il faudrait traduire « de beaucoup antérieur à (Chionidès et à Magnés », si l'on con.servait le texte des manuscrits. Il me parait plus simple d'adopter la correction [oC] noUco Tcporspoç.
3. Aristoto, Poétique, c. 3.
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