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432 GIlAPITllE X. — OlUGINES DE LA COMÉDIE

composait do satyres qui représentaient les compagnons (lu dieu : il y avait donc fiction, et ceux qui prenaient part au chant jouaient dt» véritables rôles. Mais, dans la co- médie primitive, rien de semblable. Quand Dicéopolis fait sa i)rocession (^n Tlionneur de Bacchus et de son ami Phalès, il reste toujours Dicéopolis; etles tapageurs du comos, bien que barbouillés, n'abdiquent nullement leur personnalité, puisqu'ils vont crier leurs griefs, qui sont bien à eux. Nulle fiction par conséquent : et c'est là une didcrence si bien enracinée dans la nature des cho- ses qu'elle devait subsister même après la constitution de la comédie. Quand il y aura une fable, on l'oubliera à certains moments, et la réalité reparaîtra avec une auda- cieuse invraisemblance. La seule question est de savoir si, dès le premier âge, ce cortège aviné ne jouait pas de temps en temps de pc^tites scènes bouffonnes. Il est si naturel de contrefaire les gens dont on veut se moquer qu'on aurait peine à comprendre comment les paysans athéniens s'en seraient abstenus. Nous n'avons, il est vrai, aucun témoignage à cet égard. Mais si nous passons d'Attique en pays dorien, les faits de ce genre abondent. Exposons-les rapidement, en laissant à chacun la liberté d'en tirer par analogie telles inductions qui lui sembleront nécessaires ou tout au moins probables.

II

Il faut beaucoup de complaisance pour attribuer aux Doriens une forme de comédie originale*. En fait, dans cette période primitive, nous ne trouvons chez eux en gé- néral, comme chez les populations de TAttique, que des

1. L'ouvrage classique sur la comédie dorienneest celui de Grysar, De Dorietisium comop.dia, Cologne, 1827. Mais il faut surtout renvoyer, ici encore, à l'ouvrage cité do M. Denis, qui me paraît voir beaucoup plus juste dans toutes les obscurités du sujet.

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