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400 CHAPITRE IX. — LE DRAME SATYRIQUE

jamais que malgré lui. Personnage grotesque assurément, lâche, ivrogne, monteur, et pourtant fort différent, comme l'a remarqué Horace, des esclaves de comédie qui avaient les mènics vices K Gardien et compagnon du jeune Dio- nysos, Silène était, sinon dieu lui-même, du moins pres- que dieu. Cela prêtait une certaine dignité à ses actes et à ses propos, quand ils en manquaient par eux-mômes. Les satyres et Silène représentaient par excellence, dans le genre de drame que nous étudions, Télémcnt fantastique. Mais la fantaisie s'étendait aussi à un boo nombre d'autres personnages. Quantité d'êtres mytholo- giques, étrangers à la tragédie, y avaient naturellement leur place. La tragédie n'admettait pas les monstres; le drame satyriquc, à ses débuts principalement, les aimait par dessus tout. Citons le Sphinx, Protée^ Cercyon, le dieu marin Glaucos, le Cyclope. Eschyle semble s'être complu à mettre sur la scène ces êtres aux formes étranges-. Ses successeurs furent plus réservés, mais ils ne r(».noncèrent jamais complètement à cette tradition, comme le prouve le Cyclope d'Euripide. L'Odyssée, qui n'avait presque rien donné à la tragédie proprement dite, fut mise h contribution par le drame satyrique, et, avec ce poème, la Théogonie hésiodique, sans compter ceux des récits du cycle où dominait le merveilleux. Il est fort regretlable que nous ignorions quel parti le gé- nie audacieux d'Eschyle sut tirer de ces êtres fantasti- ques. Tout porte à croire que chez lui l'étrangeté des for- mes fut souvent offerte en spectacle et commentée par une poésie descriptive dont chacun sait la force et la

1. Epist, ad Pisones, 250 :

Nec sic enitar Iragico dilTerre colori TJt nihil inlersit Davusne loquatur et audax Pylhias emuncto lucrata Simone talentum. An cuslos famulusque dei Silenus alumni.

2. Voyez plus haut les litres de ses principaux drames satyriqnes.

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