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390 CHAPITRE IX. — LE DRAME SATYRIQUE

une trilogie libre, dont les parties n'avaient point de liaison intime. En tout cas, le drame satyrique ne pou- vait s'y rattacher d'aucune manière. Ainsi Eschyle n'hé- sitait pas à dénouer, quand il le croyait bon, un lien qu'il respectait encore en d'autres circonstances ; et on agissait de même autour de lui : le drame des Lutteurs^ qu'Aristias fit jouer en 467 à la suite d'une trilogie où figuraient un Persée et un Tantale, ne pouvait guère être, lui aussi, qu'une pièce tout à fait indépendante, puisque le poète l'avait emprunté à l'héritage de son père.

Après Eschyle, cette indépendance du drame satyri- que devint forcément la règle, Tunité trilogique elle- même étant dissoute. Chaque poète continua à présenter au concours tragicjuc trois tragédies et un drame saty- rique, mais ces quatre pièces n'eurent plus rien de com- mun quant au sujet *.

Nous connaissons par des témoignages positifs les titres de douze drames satyriques de Sophocle : Amycos, Amphiaraos, le Drame dioriT/siaque, le Mariage d Hélène^ Héraclès au Tihiare, les Chercheurs de piste ( 'I^^veuraî), Kédalion, le Jugement (probablement celui de Paris), les Sourds-muets (Kw^ot), Momos, Salmoneus^ VOutrage (Têpi;). En outre, on peut rapporter au même genre, avec une certitude presque entière, les pièces qui étaient intitulées le Rassemblement des Grecs^ les Amants dA* chille^ Inachos, Pandora et les Bergers, Le nombre de ces drames prouve assez que Sophocle, contrairement à ce qu'on pourrait être tenté de croire, ne dédaignait aucu< nement l'invention satyrique ; toutefois il ne semble pas qu'il en eût composé autant qu'il aurait fallu pour que

1. C'est à cet usage et à ce temps que se rapporte le joli mot de Périclès cité par Plutarque {Périclès, 5). Ion regrettait qu'il ne sût pas mêler un peu plus d'agrément à raustérité de son caractère : « Ion, dit Périclès, voudrait que la vertu ressemblât à une didascaiie tragique et qu'elle eût sa partie satyrique. »

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