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386 CHAPITRE IX. — LE DRAME SATYRIQUE

sur la tragé(li() primitive et sur la naissance de la tri- logie, voici comment il convient de se représenter les choses. Le drame satyrique primitif est simplement un acte de la tragédie unique présentée au concours, mais un acte qui dilfère du reste par son caractère et qui de plus n'y est pas lié très étroitement : c'est en quelque sorte une récréation après l'action. Quand la trilogie tragique se constitue par l'organisation des épisodes prin- cipaux en tragédies distinctes, le drame des satyres de- vient par la force même des choses une pièce indépen- dante. L'ancien assemblage n'est plus qu'une liaison tout extérieure, la cohésion intime s'affaiblit de plus en plus et finit par disparaître.

Un vers cité par un grammairien latin ('Hvixa (xev ^a- ciXeù; iy XoipîXo; ev carupoi?) * autorise à croire que, dès le temps de Chœrilos, le genre satyrique ne fut pas sans éclat. Toutefois quand ce vers fut composé, — et il sem- ble appartenir à un poète comique, — il est bien clair que parler du temps où Chœrilos était roi dans les pièces à sa- tyres, c'était en d'autres termes remonter à l'origine du monde. Chœrilos avait donc cessé de compter dans l'his- toire de ce genre. C'est sans doute que, malgré son ta- lent, il n'avait pas encore donné au drame satyrique son indépendance, ni par conséquent son mérite propre. Ce- lui qui l'affranchit et qui mérita d'en êtreconsidéré comme le créateur fut le pélopoimésien Pratinas.

Pratinas de Phlionle, nous dit Suidas, fut le premier

��die. Mais lo texte est-il correct ? Hermann en doutait et Eayser pro- posait de lire TiapsKràYeiv. Aujourd'hui on accepte le texte, mais on rapplique au iv« siècle, c'est-à-dire à un temps où, comme nous le verrons plus loin, lo drame satyrique servait en effet de prélude aux représentations tragiques (A. MûUer, ouv. cité, p. 323, note 2).

1. Plotius, p. 507 Keil. Ce vers a été, par erreur, cité plus haut d'une manière légèrement inexacte (p. 16, note 5). C'est nn hexa- mètre catalectique ; voir Christ, Meirik der Griechen und RÔmer, p. 202.

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