374 CHAPITRE VIII. — TRAGIQUES DE SECOND RANG
queconfirmcnt tous les témoignages et tous les fragments. Débarrassés du souci d'exprimer les sentiments parti- culiers d'un OEilipe ou d'un Oreste, les poètes développent plus ou moins habilement des lieux communs.Ils sortent de Taudiloire d'isocrate ; ils se sont exercés à l'éthos et au pathos ; ils savent décrire, raisonner, réfuter, con- clure; ils le savent même trop bien, car ils ne font plus que cela. Ne croyons pas néanmoins que leurs œuvrer fussent insipides. Celaient des contemporains de Ménan- dre et de Philémon : il s devaient savoir observer comme eux la vie et ils ne leur étaient peut-être pas très inférieurs par l'esprit ni par le bien dire. Mais la tragédie ne vit pas d'observations quotiiliennes et ce n'est pas non plus un tissu de conversations élégantes. Ëllea besoin dépassions fortes, d'émotions sincères et profondes; il y faut peindre des angoisses, des haines, des résolutions énergiques, des sacrifices sublimes, des résolutions indomptables. C'était là justement ce qui manquait. On imitait bien tout cela, mais par procédés; et malgré le savoir-faire sans cesse croissant, la vie faisait défaut.
En revanche, on perfectionnait l'art des péripéties. Certains coups de théâtre inventés par les poètes de ce temps sont loués et cités en exemples par Aristote. Po- lyidos, dans son Iphigénie en Taurlde^SLya,ii, selon lui, sur- passé Euripide par la manière d'amener la reconnais- sance du frère et de la sœur*. Oreste, au moment d'être immolé, s'écriait qu'il était destiné à périr comme sa sœur par le glaive du sacrificateur. Celte allusion, jetée sans intention comme la plus naturelle protestation contre la destinée, était saisie au vol par Iphigénie et amenait, l'éclaircissement décisif. On savait donc alors le métier de poète tragique aussi bien ou mieux que jamais. Les tragédies étaient bien faites : il n'y manquait que des
1. Aristote, Poétique, c. 17.
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