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FORMES PRIMITIVES DO SENTIMENT TRAGIQUE 25

nous on donne, formaient une assez longue série de scènes^ mal liées et mal cpnduites, maïs parfois d*un grand effet. Lors de la grande fête appelée Steptérioriy on y représentait le combat d'Apollon cpntre le serpent Python, et ses suites. Une autre fête, VBérois, consacrée à Sémélé et célébrée par les Thyiades, reproduisait pro- bablement, sous des formes symboliques, quelque chose du mythe de la naissance de Bacchus. La Charila mettait en scène une vieille légende, à la fois naïve et cruelle, qui se déroulait en plusieurs actes. Evidemment toutes ces choses et d'autres analogues, qu^on pourrait citer, avaient un certain rapport avec le drame proprement dit. Mais il faudrait se garder pourtant d'exagérer cette res- semblance. En somme, c'étaient là plutôt des espèces de tableaux vivants, qui ne donnaient pas l'impression d'une action véritable. Ce qui constitue essentiellement le drame, c'est-à-dire le jeu des passions, y était à peine indiqué. Notons donc simplement ces faits comme des indices de l'instinct mimique dans la race grecque, sans méconnaître combien il y avait loin do pareilles représen- tations à la tragédie, même élémentaire ^

Celle-ci a pour caractère propre le pathétique. Et voilà pourquoi les seules formes de représentations religieuses qui nous paraissent pouvoir être regardées comme des ébauches do la tragédie future, ce sont celles où la dou- leur, la pitié, l'effroi, Tenlhousiasme se produisaient avec force.

A ce titre, le culte des divinités telluriques mérite une mention particulière. On a vu plus haut quel développe- ment il avait pris au vi® siècle dans les mystères d'Eleu- sis, consacrés à Déméter, à Coré et à lacchos ^ Les sen- timents qu'il excitait dans l'àme des initiés étaient cer-

1. Il faut ajouter que nous n'avons pas de renseignements précis sur l'âge de ces représentations religieuses.

2. Tome II, p. 440 et suiv.

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