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retour de Ménélas, puis s’imaginent qu’elles s’envolent elles-mêmes à travers les airs comme les oiseaux de passage qui retournent au pays aimé :

« O vaisseau phénicien, barque légère de Sidon, toi qui de tes rames amies fais résonner les flots de Nérée, chorôge du chœur joyeux des dauphins, quand aucun souffle n’agite la sur- face des mers, quand la fille de Pontos, Galanéa aux yeux bleus parle ainsi : Laissez vos voiles flotter étendues en attendant la brise de mer, et prenez vos rames de sapin, matelots, ô matelots, pour conduire Hélène vers le rivage hospitalier» vers la terre des Perséides.

»... Ah I au travers des airs, que ne pouvons-nous prendre Tessor comme ces bandes d’oiseaux de la Libye, quand, fuyant la saison pluvieuse, ils s*en vont, dociles au chant du plus âgé, qui les guide vers les plaines chaudes et fécondes, par son vol et par sa voix. troupe ailée, oiseaux qui passez, le cou tendu, rivaux légers des nuages, allez au lever des Pléiades et d’Orion qui brille dans la nuit, allez porter vers l’Ëurotas la nouvelle que Ménélas a pris la ville de Dardanos et qu’il revient chez lui 1. »

En général, point d’idée bien arrêtée dans ces chœurs, pour en conduire et en limiter le développement. Les motifs de plainte ou de description se succèdent libre- ment, non pas toujours sans monotonie. De très petites choses y tiennent leur place au milieu de celles qui touchent ou qui frappent; l’esprit s’y amuse^là même où le sentiment seul devrait être en jeu. Quand les Troyennes dans Bécube chantent les douleurs et l’effroi de la ouit fatale où Ih’on fut prise -, leur chant débute, grave et triste, par de sombres images : la ville découronnée de ses tours, ses murailles noircies par la fumée de l’incendie. Puis une scène tout intime : le guerrier troyen rentré chez lui après le banquet et endormi, sa femme occupée à nouer ses cheveux en se regardant au miroir,

1. Hélène, 1451.

2. Hécube, 905 et suiv.