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332 CHAPITRE VII. — EURIPIDE

D'ailleurs il y a des parties considérables do certains rôles ou même des rAles entiers qui sont dus à l'obser* vation. On a reproché à Euripide d'avoir mis sur la scène des personnages qui sont vicieux ou méchants sans né- cessité. Il ne les a pas créés de lui-même, il les a faits à rimage de ses contemporains. N'oublions pas qu'il vivait au milieu d*unc société où bien des intrigues et dos pas- sions mesquines s'exerçaient audacieuscment. Thucydide et Aristophane nous renseignent sur ce conflit des appé- tits, sur cette rouerie, nouvelle encore, sur ce cynisme élégant qui caractérisaient tant d'hommes de ce temps. L'égoïsme n'était peut-être pas plus fort au fond des cœurs, mais il devenait chaque jour plus libre et plus hardi ; on se l'avouait à soi-même comme un motif d'action, et, dans un certain monde, brillant et rafQné, il était de bon ton d'en faire profession. Sophocle, dans sa haute et idéale sérénité, dans son beau rêve héroïque et légendaire, ne voyait pas ces mœurs nouvelles ; ou, s'il les voyait, il les tenait si aisément à distance qu'elles ne jetaient au- cune ombre sur ses conceptions. Euripide, au contraire, esprit attentif, sans cesse aux écoutes et troublé du moin- dre bruit, naturellement curieux de se rendre compte et d'aller au fond de tout, se remplissait l'imagination de ces choses quotidiennes, qui l'inquiétaient et qui Tatti- raient comme un aspect trop réel de la nature humaine. Do là, elles passaient d'elles-mêmes dans ses pièces. Qu'on se souvienne de Ménélas dans OresteQt dans An- dromaque^ de Jason dans Médée^ de Phérès dans Alceste^ d'Ulysse dans Hécube, pour ne citer que quelques per- sonnages entre beaucoup.

Ménélas, dans Oreste^ quand il est imploré par le mal- heureux fils de son frère, ne dit ni oui ni non. C'est un politique, qui se ménage; il ne refuse pas de l'aider, mais il n'entend pas se compromettre : il promet des paroles, et rien de plus. Dans Andromaque, c'est un égoïste et un

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