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SES PROLOGUES 317

la plupart des prologues en question ont une autre des- tination, qui estpeut-ôtrc la principale. Très souvent ils indiquent le sujet essentiel de la pièce, ils signalent, pour ainsi dire, d'avance au spectateur ce qu'il devra regarder, ils lui laissent entrevoir ou lui annoncent même d'une manière formelle le dénouement. Grâce à cette indication préalable, les événements se rassem- blent sous le regard, ils prennent une direction commune et tendent à une même lin; cela ne laisse pas que d*ctre utile dans des pièces dont les parties diverses sont assez faiblement unies entre elles ^ Et l'effet dont nous parlons est bien plus sensible encore lorsque le prologue est mis dans la bouche d'une divinité, ce qui est le cas le plus fréquent. Aphrodite, au début de VHippolytCy nous apprend qu'elle veut se venger du fils de Thésée, et elle nous fait connaître d'avance comment elle se ven- gera; il résulte de là que tous les événements de la pièce sont liés désormais par cette volonté divine qui est censée les conduire à leur dénouement. Sans doute, si nous allons au fond des choses, nous nous apercevons bien que cette liaison est peu réelle, qu'en fait nous avons affaire dans l'action à des passions humaines, que l'amour y est représenté comme une loi du monde, comme un elfet do la nature, comme un trouble physique et moral, et qu'il n'y a guère en tout cela d'impression vraiment religieuse. Mais ce sont là des griefs d'esprits critiques, des propos de mécontents, qui peut-être n'auraient pas déplu au poète, et qui, en tout cas, ne l'empêchent pas d'avoir réalisé son dessein. Supprimons par la pensée le prologue à'Hippolyte: il est certain que les parties de la pièce paraîtront bien moins liées entre elles qu'elles ne le sont aujourd'hui. L'intervention des dieux est devenue

��1. Par exemple, le prologue de Polydore dans/fécwfce lie manifeste- ment la seconde partie de la pièce à la première.

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