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316 CHAPITRE VII. — EURIPIDE

de juger de rhabilclé du poète. La mcilleuro partie AUphigénie en Tauride aboulit à une scèno do recon- naissance, et il n*est personne qui n*y sente et n'y admiro la fine et touchante gradation des effets et des senti- ments. Dans /o;î, dans Electre^ nous trouvons des scènes analogues, plus ou moins pathéliques. II y a là loute une partie originale de i*art dramatique où Euripide a excellé, et les exemples qu'il a donnés en ce genre n'ont peut-ôtre pas clé surpassés. C'est justement do cela qu'A- ristote a voulu le louer avec raison dans lo passage de sa Poétique, où, tout en blâmant la conduite imparfaite de ses drames, il rappelle pourtant <( le plus tragique des poètes *. »

Toutefois Euripide était bien obligé par les lois les plus essentielles de son art de donner à ses pièces les apparences de l'unité dramatique, alors même que l'u- nité réelle et profonde leur manquait. Quelques-uns des moyens qu'il a employés le plus souvent pour y par- venir sont intéressants à noter.

Signalons d'abord ses prologues et ses dénouements. C'est son habitude de commencer chaque tragédie par un(î sorte d'introduction en forme de monologue ou quelquefois de dialogue. Nous connaissons trop malles détails de l'histoire de la tragédie grecque pour pouvoir décider s'il a créé cette introduction dramatique ou s'il ne Ta pas simplement renouvelée et rajeunie. En tout cas, l'usage qu'il en fait lui est personnel. D'une part, ces prologues lui servent à fournir immédiatemeot au spectateur certains renseignements utiles, qu'il lui aurait fallu donner sans cela dans les premières scènes au dé- triment de l'intérêt dramatique; et ces renseignements sont d'autant plus nécessaires qu'il est, comme nous l'avons vu, plus inventif en matière de légendes. En oulro

4. Aristote, Poétique, c. 13 : Kai 6 IvjptTrîôr,;, si xai Tot SXXa pit| vj oîxovoficï, àl\oL TpaytxwTaTi; ye 'ft»> itoiT|Tà)v çatvetat.

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