VARIÉTÉ INTIME DE SES DRAMES 315
que ces petits événements fortuits, si fréquents dans ses pièces : une lettre surprise \ l'arrivée soudaine d'un ami ^ une rencontre aussi inopinée qu'invraisemblable ^ etc. Aucun poète tragique peut-être ne s est jamais passé entièrement du hasard, mais aucun assurément, du moins parmi ceux du premier rang, ne s'en est servi plus qu'Euripide. Les stratagèmes, les ruses — qui sont des finesses de la volonté comme les surprises sont des finesses du hasard — ne lui plaisent pas moins ^. En cela, nul scrupule traditionnel ne Tarrête. Pour créer des situations nouvelles, pour amener des coups de théâtre, il traite arbitrairement les légendes ^ il les combine ou les modifie à sa guise ^ Évidemment la matière tragique est devenue pour lui chose indifférente, ou peu s'en faut. S'il n'ose pas encore se débarrasser tout à fait des don- nées anciennes, du moins il les arrange dans le détail selon ses besoins. Ainsi libre de ses moyens, il peut combiner des effets dramatiques saisissants. Entre tous ceux dont il use, il faut mentionner spécialement les re- connaissances. Sa science délicate du théâtre se laisse voir tout entière dans la manière habile dont il les pré- pare, les fait désirer, les retarde et les amène brusque- ment, au moment oîi elles peuvent être le plus émou- vantes. Mérope, dans une tragédie perdue, reconnaissait son fils, quand elle avait déjà le bras levé pour le frapper, et Plutarque nous a conservé le témoignage du grand effet que produisait cette scène sur le public ^ Parmi les pièces conservées, plusieurs nous permettent encore
où il délivre son beau-père Mnésiloque des mains de Tarclier scythe.
1. Iphigénie à Aulis.
2. Rôle d'Egée dans Médée.
3. Par exemple, celle d'Hélène et de Ménélas dans Hélène,
4. Iphhj. en Tauride, fin ; Hélène, fin ; Oveste, Médée, Electre, etc.
5. Electre, Hélène, etc.
G. Phéniciennes, rôle d'ŒcUpe, etc.
7. Plutarque, Moralia, p. 988 E (voir Nauck, fragm, du Cresplwntc),
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