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20 CHAPITRE V\ — PRIMAUTÉ D'ATHÉNES

quelle facilité Athènes put devenir le centre littéraire de la Grèce K

Il va sans dire d'ailleurs que cette langue attique, déterminée* dans ses caractères généraux, n'était pas strictement identique à elle-même en toute occasion. Tout homme, qui a une personnalité marquée, se fait sa lan- gue dans une certaine mesure. Nous aurons occasion par la suite de relever ces particularités individuelles des grands écrivains du temps. Dès à présent, il est bon d'in- diquer ici certaines différences générales.

Un intéressant fragment d'Aristophane, commenté par Sextus Empiricus, atteste (ce que nous aurions d'ailleurs aisément soupçonné) que le langage des paysans athé- niens n'était pas celui des citadins ^. La langue rustique était relativement grossière, soit par l'emploi de certains termes, soit par des intonations plus rudes. Celle de la ville, dans la bouche de quelques rafflnés, devenait par- fois efféminée. Entre ces deux excès, la langue moyenne d'Athènes (SiàXexTo; (jlêcy) icoXeco;) tenait un juste milieu. Ce qui la distinguait le plus de la langue écrite , c'était sans doute sa rapidité. Elle admettait nombre d'élisions, de crases et d'assimilations qui lui permettaient d'aller vite. En outre, les tours familiers, les ellipses, les phrases irrégulières. Gela est de tous les pays et de tous les temps. Mais comme on causait beaucoup à Athènes et qu'on y causait vivement, il s'était fait là plus qu'ailleurs une langue commode, claire, alerte, dégagée de tout embar- ras, riche en transitions faciles. On y trouvait toutes pré-

1. Isocrate, Antidosis, 296 : t-tiv ty^; çwvyj; xotv6TT,Ta xat {iSTpioTTfjTa.

2. Sext. Empir., Adv, Gramm., 1, 10: Kal oOx "h aOxY) ((ruvTiôeta) twv xaxà TTjv aYpoixîav, tj aùrri 6è twv èv à<rrei ôiaxpiêèvTwv • irapb xa\ 6 xu>- jitxb; WpKTCO^avT);

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