18 CHAPITRE !•'. — PRIMAUTÉ D'ATHÈNES
cun à leur manière ^ Malgré la conformité première, des différences essentielles se sont ainsi manifestées. Au v^ siècle, la langue des Athéniens présente des caractères propres, qui sont en intime accord avec ceux de leur génie, tel que nous venons de le décrire.
Ce qu'on remarque tout d*abord en elle, c'est qu'elle est, pour ainsi dire, à égale distance des autres dialectes grecs. Le dorien est sonore, mais lourd; l'ionien est élé- gant, doux à Toreille, mais un peu mou. Le dialecte atti- que est plus léger que le dorien et plus vigoureux que rionien. Il se rapproche de l'un par sa force, de l'autre par sa grâce. C'est de Tionien en garde contre ses défauts naturels, et, par suite, plus mâle, plus condensé. Le son plein de Va, dont les Doriens abusent, et que les Ioniens affaiblissent sytématiquement en <?, les Âttiques tantôt le maintiennent et tantôt l'adoucissent, avec une heureuse discrétion^ S'ils laissent perdre quelques-unes des vieilles aspirations, afin de donner au langage quelque chose de plus coulant, ils en conservent cependant assez pour l'em- pêcher de paraître efféminée Ils préfèrent les sons forts pp et TT aux sons plus doux pd et ad. Ils contractent un grand nombre de voyelles que les Ioniens prononcent sé- parément, et ils obtiennent ainsi des mots plus courts et
1. Gauer, De dialecto attica vetustiore (Gurtius Stud., t. VIII, p. 427). Le texte de Grégoire de Corinthe (p. 628 Schaefer), corrigé par Kœn, est cité avec raison par Gauer à l'appui de cette manière de voir :
- 16lq èo"Ti SiàXexTo; y) xé^p^ivrai "[(ûweq ' ôoxsî 6è àpx^i-loi eîvat 'At6c; (ms.
aÙTOÎç). Gf. Strabon, VIII, 1, 2 : Ttjv pièv 'Ià6a Tyj uaXaia 'AtôiSi tV
2. Voyez pour les détails précis, qui ne sauraient être énumôrés ici, les diverses grammaires, en particulier Meisterhans, Grammatik der attischen Inschriften, 2e éd., Berlin, 1888, et O. Riemann, Le dia- lecte attique d* après les inscriptions (Rev . de Philol., t. V, p. 145-180 et t. IX, p. 49-99).
3. Le digamma a disparu de très bonne heure chez les Attiques, bien avant la période classique. Mais au v« siècle, Taspiration joue encore un grand rôle. On la trouve notée, même dans des inots composés, comme euâpxov, àcoptov, etc.
�� �