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LA LANGUE ATTIQUE 17

flexion y fut plus hardie, plus aiguisée, plus profonde; l'esprit, plus alerte; le sentiment, plus riche et plus com- plexe. Par suite, l'art proprement dit, c'est-à-dire le gou- vernement de l'instinct poétique par la raison, prit là une perfection nouvelle. On s'y habitua à concilier, de la ma- nière la plus heureuse, dans la composition d'une œuvre, la variété et la brièveté, à disposer habilement des contras- tes, à faire valoir délicatement les choses les unes par les autres. Cet art même Bt de mieux en mieux comprendre le prix de la vérité ; car il ne tendait qu'à la mettre en valeur. Le génie grec déploya alors toute sa franchise. La haine des faux ornements, le mépris de l'exagération, le dé- goût des effets violents et cherchés, apparurent en lui plus vivement que jamais. Il se fit un plaisir délicieux de la justesse, de la simplicité, de la sobriété. Heureux de ce qu'il avait à montrer, il ne se piqua que de le laisser paraître tel qu'il était. Et ainsi la perfection de l'art pour lui fut justement le triomphe de la nature et de la vérité. Voilà le véritable atticismc, qui ne fut autre chose que la fleur même du naturel hellénique.

��Athènes, comme les autres régions de la Grèce, a eu son dialecte propre. Elle l'a introduit à son heure dans la littérature, où il s'est trouvé associé à la prééminence de son génie, et elle a réussi à en faire la langue commune de la Grèce.

L'histoire primitive du dialecte attique nous est encore fort peu connue. Faute de documents, ses rapports avec le dialecte ionien, qui est de même famille, restent dif- ficiles à déterminer. Ce qui paraît le plus probable, c'est que l'un et l'autre sont sortis anciennement d'une sou- che commune, et qu'ils se sont ensuite développés, cha-

Hist. de la Litt. grecque. — T. lEI. 2

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