convénients. Naturellement étranger à tout artifice compliqué, il marque ces fines divisions d’une main si légère que ni l’unité, ni la simplicité de l’ensemble n’en sont compromises. Quelque valeur que prennent certains détails, l’intention générale ressort avec autant de force que de clarté : rien de subtil, ni de mesquin ; point de petitesse d’aucune sorte ; un art libre et sain, qui a souci de la grandeur, alors même qu’il s’attache aux choses délicates.
Les chants des chœurs furent pour Sophocle l’objet d’une étude très réfléchie. Il avait écrit un traité sur le chœur, et peut-être faut-il conclure du témoignage obscur de Suidas qu’il y opposait la manière nouvelle, la sienne par conséquent, à celle du siècle précédent, telle que l’avaient pratiquée Thespis et Chœrilos[1]. De nos jours, on a cherché à déterminer quelques-uns des procédés techniques de ses compositions chorales, en particulier à découvrir comment il distribuait les parties d’un chœur entre les divers groupes de choreutes. De ces recherches sont sorties un certain nombre de conjectures plus ou moins vraisemblables ; elles n’ont établi aucun principe général qui puisse être relevé ici. Essayons, sans nous en préoccuper autrement, de faire ressortir les caractères dominants du lyrisme dans les chœurs de Sophocle.
Comme chez Eschyle, les chants du chœur chez Sophocle sont étroitement liés à l’action ; mais en général, les vues personnelles du poète ne s’y montrent point. Ce qu’expriment les chœurs de Sophocle, ce sont leurs propres impressions, toujours naïves et profondes, à propos des événements qui s’accomplissent. S’ils énoncent des pensées générales sur la destinée humaine, sur la puissance des dieux, sur les grandes lois du monde moral,
- ↑ Suidas, Σοφοκλῆς καὶ ἔγραψε… λόγον καταλογάδην περὶ τοῦ χοροῦ, πρὸς Θέσπιν καὶ Χοιρίλον ἀγωνιζόμενος.. Texte d’ailleurs suspect, diversement corrigé.