Sophocle deux sources nouvelles d’invention, la seconde toutefois plus abondante que la première. Du groupe, assez restreint d’ailleurs, des pièces relatives à Héraclès[1], il nous reste une tragédie, les Trachiniennes. Mais le groupe attique était beaucoup plus riche[2] ; et l’on peut noter qu’il ne fut pas pour Sophocle l’objet d’une faveur passagère ; car il tira des légendes de son pays l’une de ses premières tragédies, aujourd’hui perdue, Triptolème, et sa dernière, Œdipe à Colone, qui nous a été conservée. Athènes, au temps de Sophocle, prenait plaisir à entendre parler d’elle-même, et le poète de son côté n’était pas moins enchanté de tracer le portrait idéal de sa patrie, soit en dégageant les grands traits de son caractère, soit en décrivant les aspects caractéristiques de son territoire.
Au reste les événements contemporains ne semblent pas avoir beaucoup intéressé l’imagination de Sophocle. Non seulement il n’y avait point dans son œuvre de pièce historique, mais il ne semble pas qu’aucune de ses tragédies ait été faite en vue de servir, même indirectement, une cause politique. Les allusions aux choses du jour sont assez rares chez lui. Beaucoup de celles qu’on a voulu y découvrir sont extrêmement contestables ; et, là même où le doute n’est pas possible, l’importance de cette relation entre la poésie et la réalité contemporaine est fort secondaire. Œdipe à Colone vise manifestement un état d’hostilité entre Athènes et Thèbes ; mais, si le poète ne s’est pas dérobé à cette rencontre, rien ne prouve du moins qu’il l’ait cherchée.
Nos renseignements chronologiques sur l’œuvre de Sophocle se réduisent à bien peu de chose[3]. D’après un