STRUCTURE DE SES PIÈGES 197
maines par des changcmeQts, simples sans doute, mais où se révèle déjà un art véritable. Eschyle n'ignore ni les préparations, ni l'effet dramatique de l'attente, ni cer- taines combinaisons élémentaires qui rendent une ca- tastrophe plus terrible. A cet égard, il a dû être sans cesse en progrès, et VOrestie, sa dernière œuvre, nous le montre seule en possession de tous ses moyens. Il suffit de rappeler ici la première partie de VAgamemnoriy où il sait si bien prolonger l'inquiétude, en faisant attendre l'arrivée du roi; le contraste entre la pompe triomphale du retour et l'horreur du meurtre est aussi émouvant au point de vue dramatique qu'éloquent au point de vue théologique; et des inventions, telles que la scène du ta- pis de pourpre ou celle des hésitations de Cassandre, ont une force, dans leur naïveté, qui n'a jamais été surpas- sée. Il faut affirmer sans hésitation, pour être juste, qu'Eschyle a vraiment révélé à la Grèce le genre d'effets qui est propre au théâtre.
Quant à la monotonie même dont nous venons de dire un mot, il est bon de remarquer que nous en sommes mauvais juges. L'art d'Eschyle, nous l'avons dit plus haut avec Aristophane, était compliqué relativement à celui de Phrynichos*. Prenons bien garde que ce qui est péripétie en un temps ne Test plus en un autre. Quand l'effet des moyens élémentaires est épuisé, il faut recou- rir à des moyens nouveaux, plus savants : l'impression qu'on obtient ainsi n'est pas fort différente de celle qu'on obtenait précédemment. Voilà comment il peut se faire qu'il y ait eu dans les pièces d'Eschyle de véritables pé- ripéties, bien senties des contemporains, qui n'étaient plus péripéties aux yeux d'Aristote et de ses lecteurs, ha-
1. Vie anonyme : Tb 6è àirXoCv ty|; ôpapiaTOTcoitaç eî piév Ttç Tcpbç touç jjlst' auTov XoyîJJoiTO, çaOXov av èxXafjiêâvot xa\ àTipaytiaTS-UTOV, el 8è itpbç Touç àvwTépo), Oay[jLào"6t£ ty;; èTrtvotaç xbv 7ronr)TT)V xal Tr,ç eypéceo);.
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