pays; Antigone, sa sœur, déclare qu’elle bravera cette interdiction *. Aristophane a loué comme il convient, ce sombre drame, i< tout plein de l'esprit d’Ares^ ». Le premier stasimon, où se peint l'effroi des femmes, compte parmi les plus beaux morceaux lyriques d'Eschyle. En outre, sa puissance d’imagination se révèle avec une force incomparable dans la grande scène où le messager décrit les sept chefs ennemis et où Etéocle fait connaître ceux des siens qu’il compte opposer à chacun d’eux : tout y est en récit et tout y semble en action. Comme dans les Perses, une pensée religieuse domine tout le drame.
Prométhée enchaîné (npo[jLYiO£Ùç Se(i(xwTYi<;), dont nous ignorons la date précise, nous paraît avoir été composé après les Sept, Le sujet traité par le poète est le supplice de Prométhée, puni par Zeus pour avoir dérobé le feu. La Théogonie d’Hésiode lui en a fourni l’idée première ; mais il l’a singulièrement agrandie par la valeur morale qu’il a donnée au Titan^ en faisant de lui comme un représentant divin de l’humanité. A lui appartient le premier rôle ; il est en scène depuis le début jusqu’à la fin. Les rôles secondaires, bien plus nombreux que dans les pièces précédentes, sont ceux d’Héphestos, de Kratos, d’Okéanos, d’Io et d’Hermès, tous marqués de traits individuels. L’importance du rôle d’Io et sa beauté lyrique montrent que le poêle se servait alors du second acteur bien plus hardiment qu’il ne l’avait encore fait ^ ; par là le Prométhée est tout près de l'Orestie. En outre, la présence simultanée de trois personnages dans la première scène
i. Contre l’opinion de ceux qui considèrent cette scène finale comme interpolée, voir une étude de M. Weil sur les Interpolations dans les tragédies d^Eschyle (Revue des Études grecques, n« 1). — Le premier acteur a le rôle d’Etéocle et celui d’Antigone, le second celui du messager et du héraut. Quelques vers lyriques, mis dans la bouche d’Ismène, ont dû être chantés par un choreute.
2. Aristoph., Grenouilles, v. 1021.
3. Sur l’authenticité de l’épisode d’Io, voir H. Weil, ouvr. cité.