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6 CHAPITRE 1". — PRIMAUTÉ D'ATHÉNES

un peu monotone encore, mais pourtant nuancée aussi par instants, tout cela révèle une société où l'esprit est fêté. Avec Pisistrate et ses fils, les premiers monuments d'Athènes s'élèvent; l'acropole s'embellit; un art attique vient au monde. Une statuaire encore raideet sèche, mais 6ne et sincère, visant à la précision et à l'élégance, pro- duit des œuvres que nous voyons aujourd'hui reparaître au jour avec une curiosité où il entre déjà de l'admiration. C'est le temps où la tragédie et le drame satyrique pren- nent naissance. Le lyrisme étranger est alors appelé en Attique. Anacréon vient d'Asie Mineure et Lasos d'Argo- lide. En même temps l'ancienne poésie épique est remise en lumière par l'éclat nouveau donné aux grandes réci- tations des rhapsodes. La poésie religieuse et mystique se développe tout à coup d'une manière surprenante K Des fêtes nouvelles sont instituées. Autant de signes qui laissent deviner combien l'âme athénienne s'élargit ra- pidement.

Dans le dernier quart du vi® siècle, sous le gouverne- ment d'Hippias, Athènes certainement laissait déjà pré- voir sa brillante destinée. Elle tendait à devenir une des grandes cités intelligentes du monde grec. Toutefois, sur le continent, Sparte lui était supérieure en puissance et en prestige. D'autres villes, Thèbes, Corinthe, Sicyone même et Mégare, rivalisaient avec elle. Mais ce qui fai- sait la force d'Athènes, c'est qu'elle grandissait de jour en jour. La population de l'Attique tendait à se concentrer dans sa capitale. Là se formait une société intelligente, curieuse, déjà polie, qui encourageait ses poètes et ses artistes, qui voyait avec faveur ceux du dehors venir à elle. Le génie national s'ouvrait aux idées et aux senti- ments nouveaux, et, tout en gardant sa Gnesse propre, il visait manifestement à la grandeur.

1. Tome II, p. 444 et suiv.

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