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FORMATION DU GÉNIE ATTIQUB 3

 partir d'un temps mal défini, Tionisme y apparaît et s'y fait reconnaître comme la forme même du génie de la race* : résultat certain d'un fait obscur, probablement d'une simple transformation spontanée. Le propre de l'ionisme, c'est l'absence de tout caractère spécifique trop dur et trop exclusif. Tandis que les Doriens, formant vraiment une variété distincte entre les Hellènes, accu- sent leur individualité ethnique en se cantonnant dans leurs mœurs et leurs traditions, les Ioniens au contraire oe nous montrent guère, partout où on les trouve grou- pés, que le pur naturel hellénique, légèrement modifié en divers sens soit par l'influence des pays qu'ils habi- tent, soit par la façon dont on y vit, soit par les relations qu'ils entretiennent avec des peuples voisins. Cela est vrai de TAttique comme de l'Asie Mineure. L'atticisme ne sera en réalité que la forme la plus simple du génie hellénique, dégagée et perfectionnée peu à peu par des circonstances spéciales; et sous cette forme, nous trou- verons moins une race distincte, fortement caractérisée, qu'un certain état moral et intellectuel, dont le degré supérieur seul sera vraiment localisé.

Deux choses surtout ont façonné le génie attique : le labeur intelligent et les révolutions politiques. Pendant des siècles, les habitants de TAttique ont gagné leur pain à la sueur de leur front. Bien différents par là des Ioniens d'Asie, ces Ioniens du Parnès et du Pentélique n ont pas connu la mollesse. Chez eux, ni Pactole, ni vastes plaines, ni vignobles renommés. Point de Méandre, large et fécon- dant, point de Tmolos ou de Phanéos aux flancs couverts de vignes. Des montagnes sèches, peu de bonnes terres,

et pures, chaque objet nous révèle tous ses détails et revêt la nuance qui lui est propre, depuis la couleur la plus brillante jusqu'à la teinte la plus fugitive, et de tout cela résulte un ensemble pro- portionné, harmonieux et animé. » 1. Strabon, pass. cité: Ka\ yàp "Iwvec èxaXoOvxo ol xàxe 'Attixo^

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