PROGRESSION DE L'INTÉRÊT 117
L'étendue des tragédies semble avoir été déterminée chez les Grecs, bien moins par des considérations esthé- tiques, que par les conditions matérielles des concours. Aristote a fort bien reconnu ce fait^ Si le concours n'eût imposé à tous sa loi, l'étendue des pièces aurait varié avec les sujets, dans de certaines limites tout au moins. Au lieu de cela, on remarque qu^elle ne varia guère qu'avec les conditions de la représentation. Au temps d'Eschyle, où l'élément lyrique avait plus d'importance, les tragédies étaient relativement courtes. Cela tenait sans doute à ce que l'exécution des parties chantées de- mandait plus de temps. Quand la part proportionnelle faite au chant devint plus petite, on se trouva avoir du temps de reste, et on en profita pour donner à l'action plus de développement. C'est ainsi que les pièces de Sophocle et d'Euripide sont en moyenne plus étendues, d'un tiers environ, que celles d'Eschyle^.
��III
��Tout cela se rapporte à la forme de l'action tragique. Si nous passons maintenant à sa structure inJ^JP©;^ nous con^itatp^îsdjabord que, selon la loi même du drame, elle implique un progrès à partir d'une situation ini- tiale vers une situation finale. Mais ce qui importe, c'est de faire ressortir ce qu'il y a de particulier dans la fa- çon dont les Grecs ont conçu ce progrès. Mettons-nous pour le moment au dessus des différences propres aux divers poètes et considérons sous ce rapport l'art hellé- nique dans son développement.
Dans sa période d'essai, la tragédie grecque s'offre à
��1. Aristote, Poétique^ c. 7.
2. Voir plus loin, chap. vin, ii, ce qui est relatif à Aristarquo de Tégôe .
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