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116 CHAPITRE IV. — LA TRAGÉDIE ET SES LOIS

mon, qui tient à la nature même de l'art dramatique. Mais, en outre, ils en ont pratique un autre, plus délicat, qui tient au mélange du chant et de la parole dans leur drame. Les mêmes personnages restant en scène, leur dialogue peut être interrompu, soit par une réflexion du coryphée, soit par un chant du chœur. Si ce chant est bref, s'il se lie intimement à Faction, s'il est dramatique, il fait lui-même partie de Tépisode : ce n'est pas un stasi- mon, c'est, comme on dit, un chant épisodique. De tels chants, réduits le plus souvent à une simple phrase mu- sicale, marquent des divisions légères, et les groupes qui en résultent sont distingués nettement les uns des autres, mais sans dureté. Il y a dans tout cela quelque chose d'aisé, de naturel, qui est charmant. C'est un tableau oii tout est à la fois nuancé et fondu. Souvent aussi, le dialo- gue des acteurs, sans même s'interrompre, passe de la parole au chant pour revenir ensuite à la parole. Ainsi sont caractérisées les phases successives d'une même situation. Enfin les monodies, intercalées à propos, peu- vent encore servir h produire le même effet. Ce qui fait le mérite et la grâce propre de ce genre de divisions, c'est qu'elles naissent du mouvement des idées et des sentiments, c'est-à-dire du fond même du drame. En outre, elles comportent toute une fine gradation, grâce à laquelle les parties, plus ou moins distinguées les unes des autres, apparaissent tantôt comme des scènes pro- prement dites, tantôt comme de simples moments d'une même scène. Si les Grecs n'ont jamais eu un terme spé- cial pour les désigner, c'est justement parce qu'elles ne se laissent pas ramener à un type unique. La division de la pièce en épisodes, bien qu'assez libre, était constante dans ses procédés ; au contraire, celle des épisodes en parties secondaires était essentiellement changeante ; elle avait quelque chose d'indéfinissable, comme les im- pressions mêmes sur lesquelles elle se modelait.

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