peu vague, qui ne voulait pas être trop précisée. Cela laissait au poète assez de liberté pour qu’il n’eût souci que des grandes choses.
Ces raisons, qui recommandaient les sujets héroïques, expliquent pourquoi les autres ne réussirent jamais à se faire accepter, malgré de remarquables tentatives et de glorieux succès.
La partie purement divine de la mythologie offrait bien quelques-uns des mêmes avantages que la légende héroïque. Mais, au point de vue tragique, les dieux, sauf de rares exceptions, ne pouvaient pas exciter l’intérêt passionné qu’excitaient des hommes en souffrant et en mourant*. Il fallait vraiment le génie d’Eschyle pour mettre en scène leurs passions et leur prêter des idées à la fois intéressantes et dignes de leur grandeur. Ses Prométhées doivent être regardés comme une tentative exceptionnelle, dont le succès peut-être n’aurait pu être renouvelé ni par un autre poète ni avec un autre sujet.
L’histoire proprement dite, et en particulier l’histoire contemporaine, pouvait sembler au premier abord bien plus attrayante. Pour nous, modernes, quand nous réfléchissons à ce qui eût été possible en ce genre, c’est une occasion d’étonnement et de regret de voir que tant de beaux sujets, qui s’offraient d’eux-mêmes, ont été laissés de côté. Si la Grèce avait eu un drame historique, que de belles tragédies, presque toutes faites, pour un Phrynichos ou un Eschyle, dans les événements arrivés à Sparte, à Athènes, à Sicyone, à Corinthe, à Milet, entre le début des Olympiades et les guerres médiques ! Révolutions
1. Si les Grecs n’avaient cherché dans la tragédie qu’un grand spectacle religieux, il ne manquait pas de belles légendes divines propres au théâtre. On a vu plus haut qu’à Delphes on jouait dans les fêtes une sorte de tragédie d’Apollon. Mais, dans ces sortes de sujets, le spectacle tendait à prévaloir sur le drame, et la dévotion sur l’émotion.