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MUSIQUE EN ASIE 57

temps d'Hérodote encore, on en admirait la splendeur *. Des cultes nationaux, entourés d une pompe barbare, apparaissaient aux yeux des Grecs et s'introduisaient parmi eux. Cybèle, la grande déesse du Bérécynthe, fut phrygienne avant d'être grecque. Les fêtes de ces dieux se célébraient avec un éclat étrange; la musique y jouait un rôle important. On chantait aussi dans les fes- tins. Partout, dans les temples comme à la table des rois et des grands, des instruments plus sonores et plus riches que ceux de la Grèce remplissaient les âmes d'enthousiasme et de volupté. C'était la pectis^ aux cor- des nombreuses et aux sons aigus ; c'était surtout la flûte, non plus la mince et faible flûte de l'Ârcadie ou de laBéotie^ formée d'un roseau, etqui n'était guère plus puissante que la syrinx des pâtres, mais la grande flûte phrygienne, taillée dans les buis du mont Bérécynthe, épaisse et forte, et qui remplissait Tair de ses gémis- sements - ; ou encore la flûte lydienne, capable de riva- liser avec les sons aigus de la peclis, de chanter comme les jeunes filles et les enfants, avec des notes hautes tantôt perçantes, tantôt pures et délicates. Ces instru- ments si nouveaux amenaient avec eux leur cortège d'airs locaux, de gammes traditionnelles, non moins inconnues aux Grecs, et non moins capables d'agir sur leurs âmes: le mode phrygien, qui inspirait une sorte do délire mystique; le mode lydien, plein de grâce; le genre en- harmonique, avec la puissance expressive et troublante de ses mélodies.

La Grèce d'abord se révolta contre cet art si difl'érent du sien. Apollon, le dieu de la cithare, provoqua le sa- tyre Marsyas, joueur de flûte, le vainquit et le châtia cruellement; Athéné elle-même trouvait le satvro fort

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i. Athéuce, IV, p. 176, E et suiv.

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