selleincnt par ses contemporains; le scepticisme montant commence à la battre en brèche; mais elle résiste, et le pieux historien ne veut rien avoir d’un esprit fort.
Tel est, quant à l'essentiel, l'esprit d’Hérodote. Voilà le fond d*où viennent tous ses jugements, la source dernière qui fournit à son bon sens,, à sa prudence pratique, à sa finesse, les principes généraux sur lesquels il règle ses opinions particulières. Prenons maintenant tour à tour les principaux sujets traités par Hérodote et voyons à quels résultats il arrive sur chacun d*eux.
Commençons par la géographie, qui est Tétude du
théâtre même de l'histoire. On sait combien la géographie a été lente à se développer dans le monde ancien.
La forme sphérique de la terre, soupçonnée par les philosophes de la Grande Grèce au vi® siècle, resta longtemps sujette à contestation. Quant aux explorations,
elles furent si tardives et si rares, en dehors du bassin
oriental de la Méditerranée, qu’au ii^ siècle encore Polybe enseignait à ses compatriotes, comme choses nouvelles, les notions les plus élémentaires sur l'Occident
de l'Europe. Hérodote connaît donc fort peu do chose du
monde habité, surtout vers l'Occident, et cela n’a rien
que de naturel ^ Mais il y avait eu pourtant avant lui
des géographes, dont le plus célèbre est Hécatée. De
plus, une foule de traditions vagues couraient sans doute
ça et là. Hérodote a-t-il ajouté quelque chose aux connaissances recueillies avant lui, ou a-t-il, comme plusieurs savants l’ont soutenu, fait reculer la géographie^?
1. Késuiné de sa géographie au début du livre IV, ch. 37-46.
2. Voir Hugo Berger, Geschichte der wissenschaftliche Erdkunde der Griechen, t. L Leipzig» 1887; D’Arbois de Jubainville, La source du