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MÉTHODE ET CRITIQUE 597

admet qu'une jument ait mis bas un lièvre K Dans les dis- tinctions de celte sorte, il juge non par des principes gé- néraux, mais par les inspirations d*un semi-rationalisme inconséquent et capricieux. Il y a des miracles qu'il sem- ble juger inutiles; sans les nier expressément, il incline à douter -; d'autres, qu'il juge faux, mais simplement parce que la tradition qui les rapporte est suspecte, ou pour tout autre motif particulier; aucun, selon toute apparence, ne lui semble impossible a priori. Sur les oracles, en particulier, il fait quelque part une profes- sion de foi très explicite :

Je ne puis dire que les oracles soient menteurs, car je ne veux pas, en présence de cjs faits, combattre leur autorité, alors qu'ils s'expriment si clairement.

Suit un oracle deBakis. Puis Hérodote continue :

Voilà les faits sur lesquels Bakis s'exprimait avec tant de clarté. Nier la véracité de ses oracles, c'est ce que je n'ose faire pour mon compte et ce que je ne puis admettre de la part de personne 3.

Il est à remarquer qu'Aristophane lui-même, défenseur dos vieilles mœurs, et qui cherchait à plaire aux Athé- niens, très religieux dans leur ensemble, se moquait volontiers de ce Bakis, peu d'années après Hérodote. Cette comparaison permet de mesurer rattachement de celui-ci aux vieilles croyances. On voit aussi, par la forme même de la déclaration d'Hérodote, que déjà Ba- kis trouvait de nombreux incrédules; la profession de foi de l'historien, si explicite et si grave, n'en a que plus de valeur. Sa croyance n'est plus partagée univer-

1. VIT, o7.

2. Par exemple, VII, 189.

3. VlU, 17.

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